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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 1999

Grève à l'Université Mount Allison

Par Bill Graham
L'Université Mount Allison a vécu trois grèves en sept ans et demie, soit depuis la nomination de Ian Newbould au poste de recteur. Les louanges et l'adulation dont le président du conseil d'administration, James Keith, le comble ne peuvent cacher ce sombre bilan.

Pendant la première année de la nomination de M. Newbould, les négociations contractuelles ont achoppé et les professeurs ainsi que les bibliothécaires sont descendus dans la rue. La MAFA avait appris que les salaires de ses membres étaient bien inférieurs aux salaires moyens des collègues travaillant dans des universités de même taille.

En 1994, la Mount Allison Staff Association (MASA) a déclenché la grève, une longue et amère expérience. En janvier 1995, le mandat de M. Newbould a été reconduit. Au début de 1999, les professeurs et les bibliothécaires sont encore une fois sur la ligne de front.

L'Université Mount Allison est la seule université du Nouveau-Brunswick dont les professeurs et les bibliothécaires ont été en grève. Quel rendement pour l'administration et le conseil d'administration!

À sa dernière réunion tenue le 22 janvier, le président du conseil d'administration de l'université a défendu ce bilan. «Sans les qualités de chef du recteur Newbould, qui sont reconnues à la grandeur du pays, l'université ne serait pas rendue là où elle est aujourd'hui», a-t-il déclaré. Et où est-elle donc en ce moment? Dans les rues.

Les professeurs revendiquent une rémunération juste et équitable. Ils défendent la qualité de l'université de l'avenir. Par surcroît, le conseil d'administration de l'université a ajouté qu'il était très fier de l'excellence de ses dévoués professeurs et bibliothécaires, tant dans l'enseignement que dans les services offerts à la collectivité universitaire.

Quoi que l'on pense des palmarès de rendement comme celui de Maclean's, il est manifeste que le recteur et le conseil d'administration sont très fiers du classement élevé, au sommet ou tout près, qu'obtient régulièrement l'université. Demandez toutefois aux étudiants pourquoi ils viennent étudier à l'Université Mount Allison. Ils ne répondront pas qu'ils y sont parce que Ian Newbould en est le recteur ou que Jim Keith est le président du conseil d'administration.

Ils y sont en raison de l'excellence des professeurs et des programmes d'études et en raison des liens étroits qui unissent les professeurs et leurs étudiants.

Si le classement est régulièrement élevé, pourquoi les salaires, alors, sont-ils immanquablement bas? La réputation de l'université qui offre un excellent enseignement au premier cycle ne pourra durer si l'administration continue de verser des salaires en deçà de la norme.

La dernière offre salariale du conseil d'administration placerait le salaire de base des professeurs agrégés au 19e rang par rapport au groupe de 23 universités du premier cycle de Maclean's, en plus de l'UNB. Le salaire de base des professeurs titulaires se classerait au 20e rang. Seuls les professeurs adjoints en profiteraient quelque peu. Leur salaire de base passerait du 21e au 10e rang. En moyenne, les salaires des professeurs de Mount Allison se situent au septième rang sur les neuf universités des Maritimes utilisées par l'administration à des fins de comparaison.

Deux jours avant la grève, la MAFA a modifié sa position pour tenter de poursuivre les négociations. L'administration n'a cependant fait aucune contre-offre et a refusé l'offre de la MAFA de régler le différend en arbitrage exécutoire, que les étudiants appuyaient pourtant.

En 1997, l'ACPPU a chargé un de ses ex-présidents, Fred Wilson, de mener une enquête sur la direction à l'Université Mount Allison en raison de ses mauvaises relations de travail. M. Wilson a conclu que l'université était d'un calibre remarquable qui ne pourrait être maintenu si le climat d'incivilité actuel continuait d'empirer.

Le versement de salaires inférieurs à la moyenne est une forme d'irrespect. Le conseil d'administration, en appuyant une administration réputée pour ses mauvaises relations de travail, comme à l'université Mount Allison, maintient l'incivilité.

Tout juste avant la grève, M. Newbold n'a pas voulu permettre à l'association des professeurs de payer le montant total de l'assurance pour soins médicaux et pour soins dentaires, de l'assurance-vie et de l'assurance-invalidité. Il s'agissait-là d'une attaque sans précédent dans l'histoire des universités canadiennes. Cette décision a mis en péril les professeurs, les bibliothécaires et leur famille.

Dans une lettre qu'il a envoyée au président du conseil d'administration, le directeur général de l'ACPPU, Jim Turk, a déclaré que l'administration jetait de l'huile sur le feu et alimentait ainsi le mécontentement en refusant de permettre le maintien d'avantages essentiels.

Bien que l'ACPPU ait réussi à offrir une protection de rechange pour presque tous les avantages sociaux, Newbold, en fin de compte, est revenu sur sa décision. Il a envoyé une lettre au président de la MAFA, George DeBenedetti, dans laquelle il a dit qu'il était résolu à faire tout en son pouvoir pour éviter ce qu'il considérait comme une grève inutile. Il voulait faire comprendre aux membres le sérieux de la grève. Civilité ou incivilité?

Les professeurs et les bibliothécaires de tout le Canada soutiennent ensemble leurs collèges de l'Université Mont Allison. Leurs besoins sont grands. Leur cause est juste.

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Traduit de l'article «Mount Allison Faculty Walk the Line».