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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mai 2000

Les universités privées mal accueillies

Le gouvernement de l'Ontario a indigné les étudiants et les universitaires en approuvant l'installation d'universités privées, à but et sans but lucratif, dans la province dès le mois de septembre.

Les étudiants ont protesté en interrompant la ministre des Collèges et des Universités, Dianne Cunningham, qui en faisait l'annonce. Elle a été contrainte de passer à une autre salle dont l'entrée a été bloquée par des agents de sécurité.

Le gouvernement prétend que cette initiative offrira aux étudiants un plus grand accès à une éducation de qualité supérieure. Les opposants estiment cependant que le projet créera un système à deux vitesses dont profiteront les mieux nantis et qui affaiblira les universités publiques existantes.

« Je suis convaincu que beaucoup de nantis sont en faveur de ce projet qui est néanmoins néfaste pour les citoyens ontariens en général », a déclaré le président sortant de l'ACPPU, Bill Graham. « La qualité de l'éducation en sera réduite. Nous nous opposons entièrement à cette décision. »

« C'est un désastre total », a convenu Joel Hardin, le président pour l'Ontario de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. « Nous n'accepterons pas cela les yeux fermés. »

Selon Tom Booth, le président de l'ACPPU, il n'est pas vrai que les universités privées ne coûteront rien, comme le prétend le gouvernement. Elles vont épuiser les ressources dont a grand besoin le système public. « Le gouvernement affirme qu'il n'accordera pas de subventions de fonctionnement aux universités privées au début. Toutefois, les étudiants auront quand même droit à des prêts subventionnés par les contribuables et les professeurs seront admissibles aux subventions de recherche du gouvernement », a ajouté M. Booth. Le gouvernement devrait investir dans le système public provincial et diminuer les droits de scolarité au lieu de subventionner des universités privées. » M. Booth a ajouté que les dépenses de l'Ontario pour les universités sont les moins élevées actuellement que toutes les autres provinces.

L'Union des associations des professeurs d'universités de l'Ontario avait rendu publique, avant l'annonce du gouvernement, une étude révélant qu'il en coûterait jusqu'à quatre fois plus pour un étudiant de fréquenter une université privée plutôt qu'un établissement public.

« Les universités privées n'offrent pas vraiment de choix aux étudiants », a soutenu la présidente de l'UAPUO, Deborah Flynn. « Les seuls choix sont des frais de scolarité plus élevés et des programmes dont la qualité est discutable. »

Le Conseil de l'ACPPU, réuni en assemblée à Ottawa au moment de l'annonce, a adopté à l'unanimité une résolution d'urgence condamnant la décision du gouvernement de l'Ontario.

« Nous estimons que cette décision se répercutera à l'échelle nationale », a déclaré M. Booth. « Nous craignons que l'installation d'établissements à but lucratif, notamment, soumette tout le secteur de l'enseignement postsecondaire aux accords internationaux de libre-échange tel l'ALENA. »

L'Ontario est la première province qui accorde officiellement le statut d'établissement conférant des grades aux universités privées à but lucratif. À partir de la fin mai, le gouvernement prévoit tenir des consultations publiques pendant un mois sur son projet.

Traduit de l'article « Protests Greet Plans for Private Universities ».