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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

novembre 2000

L'éducation, grande perdante du mini-budget

Le mini-budget du ministre des Finances, Paul Martin, déposé en octobre, a échoué l'examen sur la préparation de la population canadienne à la « nouvelle économie ».

«Vous ne pouvez pas construire une nouvelle économie sur des fondations peu solides comme la réduction des impôts », a déclaré le président de l'ACPPU, Tom Booth. « Vous devez garantir aux gens la possibilité de s'instruire. »

Dans son exposé économique, publié la veille du déclenchement attendu d'élections et visant à couper l'herbe sous le pied du programme de réduction d'impôt de l'Alliance canadienne, M. Martin y annonce une réduction d'impôt massive qui totalisera 100 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années, y compris des réductions plus importantes que prévues à l'intention des salariés à revenu élevé.

M.Booth a affirmé que tant les Libéraux que les Alliancistes, en voulant consacrer la part du lion du surplus à la réduction des impôts, ont refusé de reconnaître que le sous-financement permanent met en péril la qualité de l'enseignement universitaire et collégial et empêche de plus en plus de jeunes d'y avoir accès.

Convenant que M. Martin avait consenti à une augmentation du crédit d'impôt pour études, il a toutefois ajouté que cette mesure ne règlerait pas le problème des frais de scolarité élevés et de l'endettement des étudiants. «Les étudiants et leur famille sont obligés de s'endetter lourdement, et l'augmentation du crédit d''impôt pour les étudiants annoncée aujourd'hui n'améliorera guère la situation », a-t-il déclaré. « Les étudiants qui ont le plus besoin d'aide -- soit ceux à très faible revenu -- n'y gagneront rien du tout, car ils ont peu ou pas de revenu imposable. »

Faits saillants

  • Nouveaux taux d'imposition et seuils de revenu imposable dès le 1er janvier : 16 p. 100 pour un revenu d'au plus 30 754 $ (auparavant 17 p. 100); 22 p. 100 pour un revenu d'au plus 61 609 $ (auparavant 24 p. 100); 26 p. 100 pour un revenu d'au plus 100 000 $ (auparavant 29 p. 100) et 29 p. 100 pour un revenu de plus de 100 000 $ (aucun changement);
  • Remboursement d'au moins 10 milliards de la dette au cours du présent exercice;
  • élimination de la surtaxe de 5 p. 100 sur les revenus élevés;
  • majoration de 100 $ de la prestation fiscale pour enfants;
  • financement de 100 millions de dollars pendant les cinq prochaines années du Conseil de recherches en sciences humaines pour appuyer la recherche sur « l'économie du savoir »;
  • nouveau financement de 400 millions de dollars consenti à la Fondation canadienne pour l'innovation afin de couvrir les coûts de fonctionnement de la recherche dans les universités


« Même en augmentant le financement à la recherche, le mini-budget ne propose rien pour résoudre le problème fondamental, soit un financement de base insuffisant, auquel nos universités et collèges doivent faire face », a précisé M.Booth.

« Dans l'ensemble, nos établissements tombent littéralement en ruines, et le financement des coûts de fonctionnement de la recherche dans les universités ne fera que profiter davantage aux plus grandes universités qui sont les mieux nanties.

« En général, le budget ne tient pas compte de l'éducation et c'est tout simplement une mauvaise politique publique. »

La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants a joint sa voix à l'ACPPU pour critiquer la façon dont le gouvernement a géré la publication du mini-budget. Dans une lettre bien sentie au premier ministre Jean Chrétien, les deux organismes ont accusé le gouvernement d'avoir restreint l'accès à la lecture à huis clos du budget et à la rencontre subséquente avec les médias, organisée habituellement à l'intention des organismes non gouvernementaux sur la colline du Parlement.

« Jusqu'à maintenant, nous avons toujours été invités à la lecture à huis clos du budget mais nous en avons été exclus cette année », a déploré M. Booth. « Nous croyons que le gouvernement a voulu museler les critiques au sujet de son mini-budget avant les élections tout comme il a tenté de le faire avec le vérificateur général. »

Lors de la publication d'un budget ou d'un exposé économique, le sous-ministre des Finances a l'habitude d'inviter des organismes non gouvernementaux à une lecture à huis clos avant le dépôt du document à la Chambre des communes. Après ce huis clos, les personnes qui y sont présentes ont ensuite l'occasion de s'adresser aux médias.

« J'ai été invité à la veille budgétaire du sous-ministre mais je n'ai pas pu participer à la rencontre avec les médias », a déclaré le président national de la FCÉE, Michael Conlon. « De toute évidence, on a tenté de tenir certains organismes à distance des médias. »

Dans une lettre conjointe, MM. Booth et Conlon ont déclaré que le gouvernement avait agi de manière antidémocratique, une façon de faire qui ne peut être tolérée et qui ne doit pas se répéter.