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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 2001

Les universités se privatisent graduellement, selon un rapport

La dernière livraison de Dossier en éducation, de l'ACPPU, conclut que les universités canadiennes sont de moins en moins publiques et de plus en plus privées.

D'après les dernières statistiques disponibles sur les finances universitaires, les universités et les collèges universitaires tendent à se tourner davantage vers le secteur privé pour soutenir leurs activités de fonctionnement et à moins dépendre des deniers publics.

Pour l'exercice financier 1999, les revenus des universités canadiennes se sont élevés à 12,4 milliards de dollars, un record. Il s'agit d'une hausse de 4,5 % par rapport à l'exercice précédent, avant rajustement en fonction de l'inflation. Néanmoins, les revenus en hausse tirés des droits de scolarité, de dons et de contrats du secteur privé continuent d'excéder l'augmentation du financement public de base.

Il ressort de l'étude que les droits de scolarité ont augmenté de 6,8 p. 100 en 1999 alors que le total des subventions provinciales au titre des universités ont progressé de seulement 2,1 p. 100.

Selon la tendance des dernières années, la recherche subventionnée a constitué la source la plus importante de revenus pour les universités, 12,5 % plus élevée en 1999 qu'en 1998. Cette hausse est en grande partie attribuable à l'augmentation sensible du financement fédéral pour la recherche et des contrats de recherche passés avec l'entreprise privée.

Depuis 1990, le total des revenus, après rajustement en fonction de l'inflation, a crû de plus de 18 p. 100. La majorité de ces gains est probablement attribuable à la hausse des revenus tirés des droits de scolarité (115 p. 100), des revenus provenant de la recherche subventionnée (48 p. 100) et du revenu des fiducies et dotations (34 p. 100). Au cours de la même période, le financement provincial total a diminué de plus de 8 p. 100 et les subventions provinciales de fonctionnement ont décru de presque 10 p. 100.

Le président de l'ACPPU, Tom Booth, fait remarquer que la diminution du financement de base et la croissance rapide des revenus de la recherche subventionnée reflètent un changement plus général des politiques publiques qui est en train d'élargir les écarts de revenus entre les établissements.

« Les gouvernements sont réticents à hausser les revenus de fonctionnement général qui profitent à toutes les universités. Ils préfèrent plutôt orienter le financement vers la recherche subventionnée. Cette façon de faire tend à favoriser les universités les plus grosses et la majorité de celles à fort coefficient de recherche au Canada », dit-il. « Il en résulte donc pour les établissements d'enseignement du premier cycle une croissance de revenus plus faible que celle des plus grosses universités vouées à la recherche. On assiste à l'émergence d'un système universitaire à deux vitesses où l'enseignement n'est manifestement pas une priorité pour l'investissement de deniers publics. »

De plus, en proportion du total des revenus universitaires, les subventions et les contrats gouvernementaux représentent maintenant seulement 55,3 p. 100 de tous les revenus, une baisse de 69 p. 100 par rapport à 1990. Par contraste, les frais de scolarité versés par les étudiants constituent maintenant plus de 20 p. 100 de tous les revenus et 32 p. 100 des revenus d'exploitation par rapport à 11 p. 100 et 17 p. 100 respectivement en 1990.

Par ailleurs, les dépenses au chapitre des salaires continuent de décroître en proportion des dépenses totales, passant de 74,2 p. 100 des dépenses autres qu'en capital en 1976 à 66,1 p. 100 en 1999, leur plus bas niveau. Les salaires des universitaires au titre de l'enseignement et de la recherche non subventionnée représentent maintenant 25,7 p. 100 seulement des dépenses totales, une baisse par rapport à 1998 (26,7 p. 100).

De l'avis de M. Booth, les gouvernements sont les principaux responsables de ces nouvelles tendances. Il estime cependant que les administrateurs universitaires ont également contribué à la privatisation progressive du système d'enseignement postsecondaire.

« Il faut absolument que les gouvernements renouvellent leur engagement envers un financement suffisant des universités et des collèges », demande-t-il. « Toutefois, les administrateurs universitaires doivent également s'engager à réinvestir dans les ressources humaines et à garantir un accès abordable et adéquat aux études postsecondaires. »

Le rapport La privatisation graduelle : les finances des universités, 1998-1999 est affiché sur le site www.caut.ca.