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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

octobre 2007

Levée de boucliers contre un rapport sur l’éducation au Nouveau-Brunswick

Des manifestations ont éclaté à Saint John à la suite de la publication du rapport Avantage Nouveau-Brunswick. (Photo : Francis Noël)

Étudiants, professeurs et communautés diverses réclament la remise sur les tablettes d’un rapport sur l’éducation postsecondaire.

Le 17 septembre dernier, une foule d’environ 2 000 personnes a défilé dans les rues de Saint John pour demander au gouvernement du Nouveau-Brunswick de rejeter un rapport controversé sur la réforme du système d’éducation postsecondaire de la province.

Plusieurs rassemblements, forums et séances d’information publiques ont été organisés depuis pour dénoncer le rapport Avantage Nouveau-Brunswick de la Commission sur l’éducation postsecondaire, qui recommande, entre autres changements radicaux, de déclasser trois campus satellites de l’Université du Nouveau-Brunswick et de l’Université de Moncton pour en faire des polytechniques.

Greg Allain, professeur à l’Université de Moncton et président de l’ACPPU, reconnaît certes qu’il est absolument nécessaire d’apporter des améliorations au système d’éducation postsecondaire de la province, mais « on ferait néanmoins fausse route » en suivant les recommandations du rapport.

Si certaines assurances vagues de la Commission permettent de croire que les étudiants actuels ne seraient pas écartés des programmes d’études déjà entamés, il n’existe aucun plan de transition détaillé pour les étudiants et les professeurs des campus touchés par les changements proposés. Rien n’est dit sur le fait que les futurs étudiants désirant suivre un programme universitaire complet devront débourser davantage puisqu’il leur faudra quitter les collectivités universitaires existantes.

Pour M. Allain, les recommandations du rapport contribuent à alimenter un profond sentiment d’incertitude face à l’avenir pour quelque 200 professeurs à temps plein et bon nombre d’autres membres du personnel académique contractuel au Nouveau-Brunswick.

« Cette réforme, qui perturbera les études de plus de 3 000 étudiants actuels et celles de tous les futurs étudiants cherchant à s’inscrire à un programme universitaire, nécessite un plan plus exhaustif et nuancé que celui proposé dans le rapport de la commission. »

Financement

Le directeur général de l’ACPPU, James Turk, qui s’est rendu au Nouveau-Brunswick pour prendre la parole à un rassemblement tenu le 25 septembre à Saint John et pour s’entretenir avec les professeurs et les étudiants, a déclaré qu’il était « honteux » que la commission n’ait pas tenu compte dans son rapport des deux principaux problèmes qui touchent l’éducation postsecondaire au Nouveau-Brunswick : le sous-financement et les barrières que la province pose à son système de collèges communautaires.

Le rapport recommande d’augmenter le financement de 50 millions de dollars sur trois ans,
montant que M. Turk juge « nettement insuffisant » au regard des véritables besoins d’une province qui se classe bonne dernière pour ce qui est de la somme par personne consacrée à l’éducation postsecondaire.

« L’apport supplémentaire proposé est censé répondre aux besoins des universités, polytechniques et collèges, alors qu’il faudrait injecter 58 millions de dollars par an rien que pour rehausser jusqu’à la moyenne nationale le niveau de financement des universités en fonction du nombre d’habitants », a fait observer M. Turk.

Gouvernance

Une attention particulière est également portée aux réformes proposées dans le rapport qui réaménageraient la structure de gouvernance collégiale des établissements postsecondaires.

Le rapport précise à ce sujet que le pouvoir de décision au sein des polytechniques « reposerait fermement entre les mains d’un comité et d’un président attitrés » et que l’« on devrait envisager la possibilité de modifier le rôle du Sénat académique » de sorte que ce dernier rende des comptes par l’intermédiaire du président.

« Non seulement les personnes les plus au fait des questions académiques se verraient-elles ainsi
retirer la responsabilité d’établir les politiques en matière d’enseignement, mais, en outre, le système de gouvernance partagé établi de longue date dans les universités du pays en sortirait ébranlé », souligne M. Turk.

Le rapport recommande d’autre part la création d’un nouvel organisme de coordination indépendant, la Commission sur l’éducation postsecondaire du Nouveau-Brunswick, qui aurait pour mandat de superviser l’assurance de la qualité et d’accréditer les grades offerts dans tous les établissements publics et privés de la province. Selon cette recommandation, la commission serait composée de représentants des administrations des universités, polytechniques et collèges communautaires, de cadres supérieurs du secteur de l’éducation et de personnes nommées par le gouvernement, mais aucun siège ne serait réservé aux étudiants et aux professeurs.

Frais de scolarité

Les groupes étudiants ont rejeté avec véhémence les recommandations qui appellent à déréglementer les frais de scolarité, à éliminer la bourse de 2 000 $ actuellement octroyée aux étudiants de première année et à supprimer le crédit d’impôt pour frais de scolarité. Au lieu des subventions immédiates, la commission préconise pour les étudiants un « plafond d’emprunt » fixé à 7 000 $ par an.

Selon Graham Cox, un porte-parole de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants pour le Nouveau-Brunswick, les changements proposés mènent directement à l’endettement étudiant et à la privatisation.

« Alors que les étudiants et leur famille ont besoin d’être protégés contre les hausses de frais de scolarité, ce rapport, en fait, encourage de telles augmentations », a déploré M. Cox. « La nouvelle structure fera grimper les frais de scolarité et réduira l’accès aux universités. La population étudiante des Maritimes est déjà la plus endettée au Canada; il serait donc irresponsable de demander aux étudiants et à leur famille de payer des frais d’utilisateur encore plus élevés. »

Le rapport de la commission devrait être intitulé Désavantage Nouveau-Brunswick, ironise M. Turk.

« Les recommandations telles qu’elles sont formulées dans le rapport auraient des conséquences néfastes pour les étudiants, le corps professoral, les communautés diverses et la province dans son ensemble », conclut-il.

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L’ABPPUMCE et l’APPUMCS s’opposent au démembrement de l’Université de Moncton

L’Association des bibliothécaires, professeures et professeurs de l’Université de Moncton, campus d’Edmundston (ABPPUMCE) est totalement en désaccord avec le démembrement de l’Université de Moncton et la création d’instituts polytechniques à Edmundston et à Shippagan tel que proposé dans le rapport de la Commission sur l’éducation postsecondaire au Nouveau-Brunswick.

« Bien que le rapport mette en évidence certains problèmes importants de notre système d’éducation postsecondaire, tels que l’endettement étudiant trop élevé, l’absence d’une véritable politique de recherche et le financement insuffisant, tout en soulevant l’importance de l’accessibilité aux études postsecondaires pour les étudiants de toutes les régions de la province, la réponse à la baisse démographique observée dans le Nord-Ouest ne réside pas dans la création d’un institut polytechnique », a déclaré Pierrette Fortin, présidente de l’ABPPUMCE.

« Le développement de polytechniques fragiliserait la formation universitaire francophone, pire encore, brise le lien d’appartenance avec l’Université de Moncton et, du coup, relance la compétition entre institutions et amplifie l’intérêt des étudiants pour les universités québécoises en raison de leur proximité avec certaines régions néo-brunswickoises », a ajouté
Mme Fortin. « Au lieu d’augmenter le nombre d’étudiants dans nos institutions, qui ne jouiraient plus de la réputation de l’Université de Moncton, on risque de le diminuer. »

« Notons également que la formule de financement suggérée est incertaine et que la création de polytechniques ne garantit pas que les étudiants auront accès à tous les programmes universitaires dans leur région, puisque les commissaires proposent qu’ils soient centrés sur les besoins du marché régional de l’emploi. Par ailleurs, soulignons qu’ils n’ont fait aucune analyse sérieuse de ces besoins. »

Le rapport a aussi le mérite de faire ressortir les rigidités des relations entre les composantes de l’Université de Moncton.

« Nous espérons qu’il créera un climat de discussion favorable au développement de tous les campus de l’Université de Moncton », a fait observer Mme Fortin.

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L’Association des Professeures et Professeurs de l’Université de Moncton Campus de Shippagan (APPUMCS) est totalement en désaccord avec le démembrement de l’Université de Moncton et la création d’une polytechnique à Shippagan tel qu’il est proposé dans le rapport de la Commission sur l’éducation postsecondaire au Nouveau- Brunswick dont elle déplore par ailleurs le ton alarmiste et les solutions inadéquates proposées.

« L’APPUMCS relève, d’une part, une incohérence entre les motivations de départ de la Commission et les recommandations finales et, d’autre part, la tentation hasardeuse de vouloir implanter dans notre région un modèle importé d’ailleurs », souligne Khaled Abed, le président de l’APPUMCS.

L’APPUMCS rejette les recommandations du rapport qui risquent de détériorer l’enseignement postsecondaire et de fragiliser davantage les assises des institutions postsecondaires au Nouveau-Brunswick et elle estime, au contraire, que ces dernières sont mieux à même d’analyser et de résoudre les problèmes existants.

Elle recommande de maintenir le réseau actuel de l’Université de Moncton avec des passerelles améliorées entre les campus tout en favorisant l’intégration des collèges communautaires du Nouveau-Brunswick.