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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

décembre 2008

L’ACPPU impose un blâme à l’Université des Premières nations

[Photo d'archives]
[Photo d'archives]
Les délégués à l’assemblée du Conseil de l’ACPPU tenue à Ottawa le mois dernier ont adopté à l’unani­mité une motion imposant un blâme à l’Université des Premières nations du Canada (UPNC) en conséquence du défaut, de la part de l’établissement, de résoudre ses sérieux problèmes de gouvernance.

« C’est avec une grande tristesse, et après en avoir délibéré longuement, que nous en sommes arrivés à cette décision », a déclaré la présidente de l’ACPPU, Penni Stewart, à l’issue du vote. « C’est la première fois en près de 30 ans que l’ACPPU impose une telle sanction. »

L’imposition d’un blâme signifie que les membres de la communauté universitaire tant au Canada qu’à l’étranger seront priés de ne pas accepter de poste à l’université, de décliner des invitations à prononcer des allocutions ou à parti­ciper à des conférences organisées par cette université et de refuser toute distinction décernée par celle ci.

« La sanction de blâme est une mesure de dernier recours que nous appliquons uniquement dans les cas qui portent atteinte aux principes fondamentaux de l’éducation supérieure », a expliqué le directeur général de l’ACPPU, James Turk.

« En général, les dirigeants des universités et des collèges reconnaissent la gravité des conséquences que le blâme aura sur la réputation de l’établissement et sur sa capacité à attirer du personnel et des étudiants, et ils cherchent donc des moyens de régler les problèmes qui se posent avant que le processus de blâme ne soit entamé. »

« Malheureusement, la direction et le conseil d’administration de l’UPNC n’ont manifesté aucune volonté sérieuse de répondre aux préoccupations sou­levées, malgré toutes les occasions qui leur ont été données de le faire. »

Le blâme imposé à l’université, a sou­ligné Mme Stewart, ne met aucunement en doute l’intégrité des membres du personnel académique, bon nombre desquels ont subi directement ou indirectement les effets préjudiciables des problèmes de gouvernance de l’université.

La situation a commencé en 2005 lorsque Morley Watson, vice-chef de la Federation of Saskatchewan Indian Nations (FSIN) et alors président du conseil d’administration de l’UPNC,
a suspendu plusieurs cadres admi­nistratifs, saisi les ordinateurs centraux de l’université pour en copier les disques durs contenant les dos­siers des professeurs et des étudiants, et expulsé les membres du person­nel administratif de leurs bureaux.

Devant l’opposition du corps universitaire, des aînés de l’établissement, de l’association du personnel académique de l’Université de Regina et de l’ACPPU, la FSIN a créé un groupe de travail regroupant des chefs, dont le rapport publié en novembre 2005 recommandait la formation d’un conseil d’administration plus restreint et dépolitisé — un conseil qui respecterait et intégrerait la culture et les traditions de gouvernance des Premières Nations, assurerait une gestion efficace et efficiente, appliquerait des normes élevées en matière de gouvernance, ferait le lien avec les propriétaires de l’université et assurerait leur par­ticipation, et améliorerait la reddition de comptes.

« Les principales recommandations du groupe de travail relatives à la gouvernance n’ont jamais été mises en œuvre », a déploré M. Turk. « Pendant ce temps, les problèmes se sont accumulés. »

Les lacunes subsistant dans la gou­vernance de l’établissement depuis la crise de 2005 ont entraîné le congédiement ou la démission du rec­teur, de deux vice-recteurs, de do­yens de deux campus, de plus du tiers du corps universitaire et de près de la moitié du personnel administra­tif, professionnel et technique.

L’université a depuis enregistré une chute importante du nombre d’inscriptions de même qu’une baisse des revenus tirés des travaux de recherche et des projets particu­liers, ce qui est venu exacerber sa situation financière déjà précaire.

M. Turk estime que la mise en oeuvre des recommandations du groupe de travail serait la solution parfaite pour résoudre les pro­blèmes relevés et faire lever la sanction de blâme.

Le vice-chef de la FSIN responsable du portefeuille de l’éducation, Lyle Whitefish, avait sollicité une rencontre avec les représentants de l’ACPPU ce mois-ci, mais il s’est décommandé par la suite.