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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 2010

Le gouvernement fédéral tourne le dos à la recherche sur le changement climatique

Vivre et mourir sur la glace marine — L’absence de financement annonce la fin de la recherche climatologique et atmosphérique au Canada, qui permet notamment de mesurer et de surveiller la qualité de l’air, les conditions océaniques, les tempêtes, les sécheresses et les changements atmosphériques. Les découvertes scientifiques peuvent atténuer les effets négatifs des changements climatiques sur les activités socio-économiques, les écosystèmes naturels et le comportement des animaux tels que l’ours polaire. Sans chercheurs, le Canada devra compter sur la recherche des autres pays pour comprendre son propre environnement.
Vivre et mourir sur la glace marine — L’absence de financement annonce la fin de la recherche climatologique et atmosphérique au Canada, qui permet notamment de mesurer et de surveiller la qualité de l’air, les conditions océaniques, les tempêtes, les sécheresses et les changements atmosphériques. Les découvertes scientifiques peuvent atténuer les effets négatifs des changements climatiques sur les activités socio-économiques, les écosystèmes naturels et le comportement des animaux tels que l’ours polaire. Sans chercheurs, le Canada devra compter sur la recherche des autres pays pour comprendre son propre environnement.
Un scientifique de renom prévient que l’absence d’un financement stable de la recherche climatologique aura de sérieuses conséquences.
L'état doit à tout prix assurer un financement stable et à long terme de la recherche environnementale et climatologique dans les universités canadiennes, sans quoi les conséquences se révéleront dramatiques pour le pays, met en garde l’un des plus éminents scientifiques canadiens.

Selon le climatologue Andrew Weaver de l’Université de Victoria, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en modélisation et en analyse climatique, la situation est particulièrement critique du fait que le Canada est un pays nordique et qu’il sera plus touché par les changements climatiques que la majorité des pays.

La Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l’atmosphère, établie il y a dix ans pour coordonner et financer les travaux de recherche sur le climat et l’atmosphère, a annoncé l’hiver dernier qu’il lui fallait 25 millions de dollars en financement annuel sur dix ans pour pouvoir continuer à remplir son mandat. Les fonds fédéraux octroyés par le gouvernement précédent seront épuisés en mars 2011, et les Conservateurs n’ont accordé aucun nouveau financement à la fondation depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir il y a quatre ans.

Si le gouvernement Harper con­vient maintenant de prolonger le mandat de la fondation jusqu’en mars 2012, il n’envisage pas d’affec­ter de nouvelles sommes à de nouveaux projets ni à des projets en cours.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le ministre de l’Environnement Jim Prentice a indiqué que le gouvernement ne pouvait pas prendre de décisions de financement aussi longtemps à l’avance.

« Une telle approche sonne pratiquement le glas de la recherche climatologique et atmosphérique au Canada », constate M. Weaver. « Le gouvernement est en train de dé­truire en quelques mois la réputation que le Canada s’est bâtie comme chef de file international dans ce domaine en près de deux décennies. »

Le gouvernement ne semble pas comprendre, observe-t-il, que les subventions de recherche servent à payer les salaires des jeunes scientifiques en formation qui seront les innovateurs de demain.

« Il faut mettre des années pour trouver le personnel compétent et mettre en place des laboratoires, et seulement quelques mois d’incertitude… pour voir tout cela disparaître. »

Le gouvernement Harper affirme investir dans la recherche par le biais de son Programme d’infrastructure du savoir, mais le professeur Weaver soutient qu’au-delà des occasions données au gouvernement de participer à des séances de photo pour les médias, ce financement n’apportera aucune aide.

« Hélas, pour faire fonctionner une infrastructure, il faut pouvoir payer le personnel technique », note-t-il. « D’énormes éléphants blancs financés par l’État prennent racine dans les laboratoires des universités partout au pays alors qu’il est devenu impossible de payer des techniciens pour exploiter les infrastructures. »

Selon une analyse que l’ACPPU a réalisée sur les annonces de financement du gouvernement fédéral, moins de la moitié des fonds que ce dernier prétend investir dans les infrastructures de recherche des universités et des collèges vont en fait à d’autres types de projets.

« Je crois que le gouvernement canadien actuel est hostile à la science », soutient M. Weaver.
« Au lieu de renforcer la capacité de la science à orienter les politiques comme cela se fait dans le reste du monde industrialisé, le gouvernement Harper assimile la science à une autre contrariété qu’il lui faut proroger pour l’empêcher de faire obstacle à son programme idéologique. »