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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2012

Le budget fédéral compromet la recherche et entrave la prospérité

Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le Conseil de recherches en sciences humaines et les Instituts de recherche en santé du Canada, entre autres organismes, seront frappés par les mesures d'austérité dévoilées dans le budget du 29 mars par le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty. [Blair Gable/Reuters]
Le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie, le Conseil de recherches en sciences humaines et les Instituts de recherche en santé du Canada, entre autres organismes, seront frappés par les mesures d'austérité dévoilées dans le budget du 29 mars par le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty. [Blair Gable/Reuters]
Dans son budget 2012, le gouvernement fédéral conservateur accorde la priorité à la recherche alignée sur les besoins des entreprises et sabre dans le financement futur des conseils subventionnaires et des principaux organismes gouvernementaux qui sont d’une importance capitale pour le milieu académique.

« Le gouvernement de Stephen Harper tourne ainsi le dos au type de recherche qui dé­bouche sur de nouvelles découvertes pour privilégier une stratégie commerciale étroite et à court terme », dénonce le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « En liant la recherche aux intérêts des entreprises, le gouvernement étouffe la croissance et l’avancement de la science au lieu de les promouvoir. »

Les trois conseils subventionnaires se voient demander de dégager cette année des économies de 37 millions de dollars provenant de programmes « moins prioritaires ». Les sommes économisées par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) seront « réinvesties » dans des programmes de soutien à des partenariats de recherche entre l’industrie et le milieu universitaire.

De plus, les fonds affectés au CRSNG et aux Instituts de recherche en santé du Canada (IRSC) seront amputés de 30 millions de dollars sur chacune des deux années suivantes, tandis que le budget du CRSH sera réduit de 14 millions de dollars chaque année.

Une fois corrigé de l’inflation, le financement de base des conseils subventionnaires a fondu progressivement au cours des cinq dernières années. Entre 2007-2008 et 2011-2012, les fonds alloués au CRSH auront chuté de plus de 10 % en chiffres absolus, tandis que l’aide financière de base octroyée au CRSNG et aux IRSC aura diminué dans des proportions de 1,2 % et de 4,1 % respectivement.

Le budget impose de même une restructuration radicale du Conseil national de recherches du Canada (CNRC). Son programme de recherche fondamentale est, dans les faits, aboli, et ses activités sont « réorientées » en fonction des besoins des entreprises. Dans cette optique, le CNRC recevra 67 millions de dollars en 2012-2013 pour « ré­orienter ses activités vers la recherche dirigée par l’entreprise et pertinente pour l’industrie ».

« Subordonner de plus en plus la recherche à des intérêts commerciaux, comme le fait ce budget, nuira inévitablement à la véritable innovation », soutient M. Turk. « Le gouvernement fait abstraction du fait que les percées les plus fondamentales du savoir qui débouchent sur des applications novatrices émanent de la recherche fondamentale guidée par des scientifiques et non par des intérêts politiques ou commerciaux. »

Touché déjà par les compressions faites dans ses services et sa mission traditionnelle, Bibliothèque et Archives Canada devra en plus composer avec une diminution de son financement de 9,6 millions de dollars sur trois ans. Le budget de Statistique Canada connaîtra une baisse continue de près de 34 millions de dollars d’ici 2014. L’Institut de la statistique des Premières nations, la Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie, ainsi que le Conseil national du bien-être social ont tous été informés que leur financement serait supprimé.

M. Turk dit se réjouir néanmoins que le gouvernement n’ait pas réduit les paiements de transfert aux provinces pour l’éducation, mais il note que ces transferts demeurent trop faibles pour couvrir l’inflation et l’augmentation du nombre d’inscriptions dans les universités et les collèges.

« Pas plus tard qu’en 1990 », explique-t-il, « le financement public constituait 80 % des revenus d’exploitation totaux des universités. Depuis, cette part a chuté à environ 50 %, et le fardeau financier assumé par les étudiants et leurs familles s’est alourdi. »

« Ce budget ne contient aucune mesure pour aider les étudiants aux prises avec des frais de scolarité et un niveau d’endettement élevés, pour permettre aux universités et aux collèges de créer de nouvelles places pour les étudiants et d’embaucher d’autres professeurs, ou pour faci­liter les travaux de recherche fondamentale et innovatrice. »

L’alourdissement du fardeau financier des étudiants, combiné aux coupes dans les programmes
sociaux, telle la Sécurité de la vieillesse, qui sont annoncées dans le budget, ne fera qu’accentuer l'iné­galité intergénérationnelle, affirme M. Turk. Et d’ajouter que « les coupes sombres dans les dépenses du secteur public menacent de freiner la reprise économique et mettent en péril le développement futur. Ce n’est certes pas ainsi qu’on atteint la prospérité. »