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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

janvier 2014

L’ACPPU appelle la Société royale à préserver le patrimoine culturel du Canada

En décembre dernier, le ministère des Pêches et Océans, qui est sur le point de fermer sept de ses onze bibliothèques au pays, a autorisé scientifiques, consultants et membres du public à « dévaliser » ce qu'il restait du fonds documentaire de la bibliothèque Eric Marshall de l'Institut des eaux douces, sur le campus de l'Université du Manitoba. [TheTyee.ca]
En décembre dernier, le ministère des Pêches et Océans, qui est sur le point de fermer sept de ses onze bibliothèques au pays, a autorisé scientifiques, consultants et membres du public à « dévaliser » ce qu'il restait du fonds documentaire de la bibliothèque Eric Marshall de l'Institut des eaux douces, sur le campus de l'Université du Manitoba. [TheTyee.ca]
C’est un réquisitoire virulent contre les poli­ti­ques fédérales que l’ACPPU a présenté au groupe d’experts nommé par la Société royale du Canada (SRC) pour examiner l’état et l’ave­nir des bibliothèques et des archives du Canada.

« Nous assistons à un véritable génocide du patrimoine culturel de ce pays », déclare le di­recteur général de l’ACPPU, James Turk. « Des groupes prestigieux, comme la Société royale du Canada, peuvent jouer un rôle décisif dans la défense de ce patrimoine. Nous espérons que le rapport du groupe d’experts sensibilisera le public aux torts considérables causés par le gouvernement conservateur à la recherche, au patrimoine culturel et à la démocratie au Canada. » 
 
La Société royale du Canada a créé en mai 2013 un groupe d’experts qui a pour mandat d’analyser l’état des bibliothèques et des centres d’archives du Canada, et de recommander des solutions pour leur assurer un avenir dynamique et pertinent.

Dans son mémoire au groupe d’experts, l’ACPPU souligne les attaques constantes du gouvernement fédéral contre les institutions et les programmes qui forment la trame culturelle du Canada.

L’Association y remarque que Bibliothèques et Archives Canada (BAC) a pratiquement ces­sé d’acquérir des documents de sources pri­vées. BAC n’enrichit plus sa collection de documents provenant de Canadiens illustres ou d’importantes institutions et entreprises, qui trace le portrait de l’évolution de la société au Canada dans toute sa diversité.

Bibliothèques et Archives Canada a licencié 20 % de son personnel et aboli les postes d’archivistes spécialisés, dont les services sont pourtant indispensables pour quiconque veut se re­trouver dans le labyrinthe des collections des bibliothèques et des centres d’archives. L’institution a mis fin aux prêts interbibliothè­ques, mettant ainsi les collections nationales hors de la portée de la grande majorité des Canadiens qui n’ont pas les moyens de se rendre à Ottawa. Dernièrement, BAC a également éliminé le Programme national de développement des archives, qui a soutenu les initiatives de centaines de petits musées au pays pour préserver l’histoire locale.

Et cela ne s’arrête pas là, comme le montre clairement le mémoire de l’ACPPU. Le problème dépasse, et de loin, les changements appor­tés aux programmes et aux services de Bibliothèques et Archives Canada.

Le gouvernement conservateur a également fermé des douzaines de bibliothèques rattachées à des
ministères dans l’ensemble du pays. Il n’a pas pris la peine d’évaluer les répercussions de ces décisions. Il n’a pas non plus établi de plan officiel de relocalisation des documents de bon nombre de ces bibliothèques disparues. Des chercheurs et des membres des communautés ont été témoins de la destruction de documents d’une richesse incomparable — de collections irremplaçables. Des documents dé­chiquetés, envoyés dans des sites d’enfouissement, ou donnés.

Parcs Canada a aussi vu son budget amputé de 29 millions de dollars par an. Ces compressions ont entraîné l’élimination de 600 postes, dont 80 % étaient des postes d’ar­chéologue et de conservateur. Ne reste plus que 20 spécialistes pour conserver des millions d’artéfacts et pour gérer le patrimoine archéologique, soit 42 parcs nationaux, 167 sites historiques nationaux administrés par Parcs Canada et quatre aires marines nationales de conservation. Le ministère a fermé six laboratoires d’archéologie et déménagé des collections régionales d’artéfacts à Ottawa, au grand dam des chercheurs locaux.

Enfin, à l’automne 2012, le gouvernement fédéral a annoncé qu’il entendait donner une nouvelle image au populaire Musée canadien des civilisations, d’abord en le rebaptisant « Musée canadien de l’histoire », puis en redéfinissant son mandat de manière à en exclure la recherche et l’accompagnement des Canadiens dans l’acquisition d’une compréhension critique du passé. Le service de la recherche et des collections du musée a été démantelé; les conservateurs et les directeurs des collections relèvent maintenant de la vice-présidence des expositions. Ces changements ont porté un dur coup à la fonction de recherche du musée. Le projet de loi modifiant le nom et le mandat du musée a été adopté le 12 décembre 2013.

« Nous voulons croire que le mémoire de l’ACPPU, et les douzaines de témoignages d’autres organismes et particuliers inciteront le groupe d’experts de la Société royale du Canada à condamner les actions du gouvernement fédéral », a déclaré James Turk. « Nous espérons aussi que les recommandations du groupe d’experts seront un vibrant appel au rétablissement des institutions et des programmes culturels du Canada. »

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Pour tout connaître sur la campagne « Veillons sur la mémoire du Canada » de l’ACPPU,
consulter le site www.memoireducanada.ca.