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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2014

Désarroi des universités albertaines à la veille de la présentation du budget de dépenses 2014

Le ministre des Finances de l'Alberta, Doug Horner  [Dave Cournoyer / Flickr]
Le ministre des Finances de l'Alberta, Doug Horner [Dave Cournoyer / Flickr]
Les universités albertaines ont eu beau récupérer 32,5 millions de dollars dans le récent budget provincial déposé par le ministre des Finances Doug Horner, c’est tout de même une centaine de millions de dollars de moins que ce que leur avait promis l’ex-première ministre Alison Redford à son arrivée au pouvoir il y a tout juste deux ans.

Dave Hancock occupe officiellement le fauteuil du premier minis­tre par intérim depuis la démission soudaine de Mme Redford en mars mais les observateurs remarquent que le secteur de l’enseignement postsecondaire est toujours en proie au désarroi. Un sentiment que le budget provincial ne tente guère d’atténuer.

« Dans l’ensemble, la situation est extrêmement décevante », a déclaré Rob Sutherland, président de la Confederation of Alberta Faculty Associations. « L’an dernier, le gouvernement a amputé notre financement de 7 % sans aucun préavis. Il a fallu licencier des professeurs, abolir des programmes. La capacité d’accueil du système a été réduite et des chercheurs ont plié bagage vers des ci­eux plus cléments. Le système a été plongé en plein désarroi et ne s’en est pas remis. »

Les compressions ont été un véritable pied de nez à la promesse faite en 2012 par Mme Redford d’augmenter le financement global du secteur de 2 % par an pendant trois ans.

Selon M. Sutherland, le gouvernement est intervenu au milieu de l’année pour réinjecter environ 50 millions de dollars lorsque le système a commencé à craquer sous le poids des compressions. Une volte-face qui en disait long sur les prétentions du gouvernement en matière de planification ou de stabilité financières.

Le financement de base des établissements d’enseignement postsecondaire de la province s’établit aujourd’hui à 2,1 milliards de dollars, une somme qui comprend les 32,5 millions de dollars réservés dans le budget 2014 pour créer 2 000 places et « encourager la collaboration entre établissements dans le cadre du programme Campus Alberta », comme l’a expliqué le gouvernement dans un communiqué de presse.

Toutefois, M. Sutherland affirme que ces places seront créées dans les « domaines prioritaires définis par le gouvernement » et attire l’attention sur les critiques formulées l’an dernier par le vérificateur général de l’Alberta à l’endroit du programme Campus Alberta qui pècherait, selon ce dernier, par un man­que de clarté et par l’absence de mesures d’efficacité.

Le programme, qui prétend stimuler la collaboration entre les 26 établissements d’enseignement postsecondaire de la province, est probablement plus un mécanisme pour faire des coupes dans les programmes et le personnel non académique, dénonce-t-il. De plus, il est entouré de mystère, puisque très peu d’informations sur son fonctionnement ont été divulguées à ce jour.

Doug Short, président de l’Alberta Colleges and Institutes Faculties Association, a dit craindre d’autres pertes d’emplois.

« Étant donné la diminution mar­quée subie l’an dernier, le financement des établissements d’enseignement postsecondaire n’est toujours pas revenu au niveau de 2012-2013. Nous devrons probablement composer de nouveau avec des compressions dans les programmes, des licenciements au sein du corps professoral et une augmentation du nombre d’étudiants par classe. Au final, la qualité de l’enseignement en souffrira », a-t-il soutenu.

Quant à l’enveloppe d’un peu plus de 50 millions de dollars également débloquée par le gouvernement pour améliorer les infrastructures, M. Sutherland la qualifie de « goutte d’eau dans l’océan », au vu des sommes nécessaires et qui grimpent rapidement pour effectuer les travaux d’entretien reportés dans de nombreux établissements.

Comme l’Alberta se classe au dernier rang des provinces canadiennes pour ce qui est du taux de fréquentation des collèges et des universités, il avance que le secteur a besoin d’un financement prévisible et stable pour augmenter la capacité d’accueil des établissements, recruter des professeurs, s’attaquer à « ce climat d’incertitude persistant, et promouvoir l’éducation postsecondaire pour relever les pourcentages d’inscription abyssaux. »

Le budget albertain comprend également une ponction de 50 millions de dollars dans le fonds de prévoyance de la province en vue de remettre sur les rails le programme « Access to the Future », interrompu il y a quatre ans. Le gouvernement s’y engage à verser des contributions équivalant aux dons du secteur privé pour assurer la réalisation de projets innovateurs dans le système d’enseignement postsecondaire.

Enfin, l’Alberta Heritage Scholarship Fund, qui s’applique désormais aussi à la formation dans des métiers, a obtenu de nouveaux crédits, et environ 63 000 étudiants se répartiront un supplément de 408 millions de dollars dans le programme de prêts.