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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2004

Le financement de l'éducation postsecondaire encore inadéquat

Selon l'ACPPU, le budget fédéral du mois dernier n'améliorera pas l'accès aux universités et collèges du Canada.

Le premier budget de Paul Martin en tant que premier ministre dévoile une série de mesures énergiques conçues pour aider les familles à revenu faible et moyen à payer des frais de scolarité qui montent en flèche, mais Victor Catano, président de l'ACPPU, dit qu'aucune de ces initiatives ne traite le problème à la source.

" L'accès est un problème parce que le sous-financement chronique provoque la hausse des frais de scolarité et limite le nombre de places disponibles pour les étudiants dans les collèges et les universités ", déclare M. Catano. " Aucune mesure proposée dans le budget ne va au coeur du problème : le manque de financement public adéquat. "

M. Catano dit que le budget ne contient aucune nouvelle hausse des transferts aux provinces afin d'aider au financement de l'éducation postsecondaire. Au lieu de cela, le ministre des Finances, Ralph Goodale, a fixé son attention sur l'aide financière aux étudiants, en annonçant une hausse des limites pour les prêts aux étudiants et de nouvelles mesures conçues de façon à rendre les contributions aux régimes enregistrés d'épargne-études plus attrayantes pour les familles.

" Le fait de forcer les étudiants et leurs familles à s'endetter encore plus et à essayer d'économiser encore plus n'est pas du tout une solution ", dit M. Catano. " Ce dont les étudiants et leurs familles avaient vraiment besoin dans ce budget, c'était que le gouvernement fédéral augmente le financement de base de l'éducation postsecondaire en échange de l'accord des provinces de geler et de baisser les frais de scolarité. Ce qu'ils ont obtenu à la place n'était qu'une recette pour une augmentation de l'endettement. "

Les groupes d'étudiants ont eux aussi exprimé leur insatisfaction à l'égard du budget. " Le plan de Paul Martin au chapitre de l'éducation postsecondaire est d'enfoncer les étudiants encore plus profondément dans l'endettement ", dit Ian Boyko, président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. " Des limites de prêt plus élevées permettront aux universités d'augmenter les frais de scolarité au lieu d'aider les étudiants à joindre les deux bouts. "

Pour les familles à faible revenu, le gouvernement prévoit d'offrir des " bons d'études " pour chaque enfant et une modeste subvention d'une valeur jusqu'à 3 000 $ pour couvrir la moitié des frais de scolarité des étudiants à leur première année d'études postsecondaires.

À compter de cette année, Ottawa octroiera un Bon d'études canadien de 500 $ à la naissance pour chaque enfant né dans une famille dont le revenu est inférieur à 35 000 $ et un montant additionnel de 100 $ pour chaque année où le revenu familial de cet enfant demeure faible, jusqu'à un maximum de 2 000 $. Les bons seront versés dans un REEE dont la valeur maximale devrait atteindre 3 000 $ en devise actuelle lorsqu'il sera rendu à maturité dans 18 ans, selon les estimations du gouvernement.

Cependant, M. Boyko dit que le bon d'études sera peu utile pour aider les étudiants à répondre à leurs besoins immédiats.

" Le bon d'études du REEE pour les familles à faible revenu ne sera pas utilisé pendant une période de près de vingt ans. En outre, la somme de 100 $ par année pendant une période de 15 ans n'aidera que peu les familles pauvres à payer une éducation postsecondaire. "

Une fois corrigée pour tenir compte de l'inflation, la moyenne des frais de scolarité des étudiants de premier cycle a augmenté de 107 % depuis 1990 et des hausses encore plus marquées attendent les étudiants inscrits en droit (217 %), en médecine (320 %) et en médecine dentaire (400 %).

Pour M. Catano de l'ACPPU, " si Paul Martin était vraiment sérieux dans son intention d'améliorer l'accès à l'éducation, il y a deux mesures que son gouvernement pourrait prendre dès maintenant. La première serait de hausser le financement de base des universités et des collèges afin que les frais puissent être diminués. La deuxième consisterait à créer un programme de subvention fondé sur les besoins qui serait disponible aux étudiants pendant toutes les années d'études de leur programme. "

D'autres mesures annoncées dans le budget comprennent un appui financier de 90 millions de dollars pour les conseils subventionnaires et un nouveau programme pilote visant à encourager la commercialisation de la recherche universitaire.

La hausse du financement en recherche totalise un montant additionnel de 39 millions de dollars pour les IRSC, de 39 millions de dollars pour le CRSNG et de 12 millions de dollars pour le CRSH.

James Turk, directeur général de l'ACPPU, dit que le financement accru pour la recherche est bienvenu, mais se dit déçu de constater que le budget du CRSH n'ait pas obtenu une hausse plus importante afin de compenser le déséquilibre des niveaux de financement entre les différents conseils subventionnaires.

M. Turk remet aussi en question le nouveau fonds concurrentiel de 50 millions de dollars créé pour encourager la commercialisation de la recherche universitaire. Dans le cadre de ce plan, les conseils subventionnaires, les universités et les hôpitaux de recherche seront invités à soumettre des propositions à un fonds géré par Industrie Canada dont le processus d'attribution sera déterminé par un comité consultatif composé de représentants du secteur privé.

" L'ACPPU est depuis longtemps préoccupée par le caractère limitatif de l'accent que met le gouvernement sur la commercialisation, mais ce nouveau fonds soulève aussi d'autres inquiétudes sérieuses ", dit M. Turk. " Le nouveau fonds pour la commercialisation est géré par Industrie Canada et non par les conseils subventionnaires et le secteur privé jouera un rôle important dans la conception et les critères du programme. Les propositions de recherche concurrentielle devraient être évaluées par un processus de révision par les pairs indépendant du gouvernement et des intérêts spéciaux. "