Le premier ministre réélu Stephen Harper et son gouvernement conservateur minoritaire font face à un déficit possible de 10 milliards de dollars, qui ne peut qu’aggraver les difficultés financières des provinces en période de ralentissement économique. Beaucoup prédisent que cela entraînera des compressions dans les programmes de santé, de services sociaux et d’éducation postsecondaire, entre autres. [Photo : Jason Ransom]
Le gouvernement conservateur ré-élu depuis peu examine actuellement différentes compressions de dépenses qu’il pourrait effectuer pour éviter un déficit éventuel, indiquent des informations récentes.
Le premier ministre Stephen Harper a soutenu tout au long de la campagne électorale que le Canada était bien préparé pour surmonter la crise économique engendrée par la tourmente financière internationale. Il devait cependant reconnaître, dans les jours qui ont suivi les élections du 14 octobre où les Conservateurs, toujours minoritaires, ont été reportés au pouvoir avec un mandat renforcé, que le ralentissement économique avait une incidence sur les finances publiques et que la possibilité de déposer un budget déficitaire au cours de la prochaine année n’était pas exclue.
« Je ne crois pas que nous disposions de toutes les informations utiles à ce sujet, et je pense qu’il serait prématuré de conjecturer à cet égard », a dit M. Harper aux journalistes lors de la conférence de presse qu’il a donnée avec les dirigeants européens réunis à Québec le 17 octobre.
« Je tiens à préciser clairement que le gouvernement du Canada continuera de pratiquer des politiques financières responsables et veillera à ce que ses actions, quelles qu’elles soient, assurent la viabilité à long terme de l’économie canadienne. »
Si, comme le font valoir la plupart des économistes, le fait d’être en déficit dans la conjoncture actuelle de ralentissement économique peut contribuer à stimuler la demande et la reprise, une telle situation n’est pas sans poser de risques politiques aux Conservateurs qui ont fait leur campagne sur le thème du maintien de l’équilibre budgétaire.
Le dernier budget fédéral prévoit un surplus de 2,3 milliards de dollars pour l’année financière 2008– 2009 et de 1,3 milliard de dollars pour l’année suivante.
Maintenant que l’économie tourne au ralenti, cependant, les économistes en général affirment que le gouvernement est en voie d’afficher un énorme déficit dans son budget de l’année prochaine et ceux des années suivantes.
David Wolf, économiste chez Merrill Lynch, et Don Drummond, économiste en chef du Groupe financier Banque Toronto Dominion, prédisent tous les deux que le gouvernement fédéral s’achemine vers un déficit de 10 milliards de dollars en 2009–2010 et que les provinces aussi connaîtront des temps difficiles.
Le ministre des Finances, Jim Flaherty, a laissé entendre qu’il ferait tout en son pouvoir pour éviter un déficit, même s’il faut pour cela réviser à la baisse les prévisions de dépenses ou retarder la mise en oeuvre des mesures annoncées dans le programme électoral du Parti conservateur, telle la réduction de la taxe d’accise sur le diesel, de quatre à deux cents le litre.
Certaines indications laissent croire que les Conservateurs envisagent d’autres solutions possibles, comme geler le recrutement dans la fonction publique et attribuer aux provinces la responsabilité de certaines dépenses.
Selon la présidente de l’ACPPU, Penni Stewart, l’imposition de compressions budgétaires dans les services pourrait sérieusement mettre à mal le financement de l’éducation postsecondaire. « Il a toujours été politiquement plus facile pour le gouvernement fédéral de tailler dans les transferts de fonds aux provinces. Ces compressions ont des répercussions sur des programmes offerts par les provinces, notamment dans les secteurs de l’éducation, de la santé et des services sociaux, et ce sont les provinces qui finissent par recevoir le blâme. »
La majorité des observateurs s’entendent pour dire que les Conservateurs, même s’ils reprendront leurs sièges au Parlement au sein d’un autre gouvernement minoritaire, parviendront sans doute à faire adopter leurs compressions malgré les objections des Bloquistes et des Néo-démocrates, jusqu’à ce que les Libéraux choisissent le remplaçant de leur chef démissionnaire Stéphane Dion.