Confronté à un déficit budgétaire de 4,7 milliards de dollars, le gouvernement de l’Alberta a décidé de geler les subventions de fonctionnement aux établissements postsecondaires après avoir augmenté de façon constante ses investissements dans ce secteur pendant des années. Ce gel s’inscrit dans la foulée des compressions globales de 6 % imposées au ministère de l’Éducation supérieure, qui entraîneront égale-ment des modifications au programme d’aide financière aux étudiants ainsi qu’une diminution des fonds alloués aux dépenses en capital et à la recherche et à l’innovation.
Si les majorations des fonds de fonctionnement ont contribué ces dernières années à la transformation du secteur de l’éducation postsecondaire, l’insuffisance des fonds prévus dans le récent budget se traduira certainement par des droits de scolarité plus élevés, des salles de classe plus populeuses et des programmes et du personnel moins nombreux dans les universités, collèges et instituts de l’Alberta, constate la présidente de la Confederation of Alberta Faculty Associations, Linda Bonneville.
« Étant donné la place cruciale que l’éducation postsecondaire est censée occuper dans notre avenir, il ne fait aucun doute que les économies à court terme réalisées ainsi vont être chèrement payées par la population albertaine dans les années à venir », affirme-t-elle.
De son côté, le président de l’Alberta Colleges and Institutes Faculties Association, Dave Purkis, s’est dit démoralisé par l’annonce des coupures inattendues. Selon lui, la réduction du financement porte atteinte à la capacité des établissements postsecondaires à offrir une certaine qualité et une certaine quantité de programmes.
« Un tel manque pèse lourdement sur le fonctionnement des institutions et engendre des problèmes, comme des travaux d’entretien différés et des mises à pied — des problèmes qui s’accumulent et qui obligent les établissements à chercher constamment à rattraper leur retard », a-t-il souligné.
Les étudiants, quant à eux, seront touchés par une réduction des subventions et bourses d’études postsecondaires et par une majoration des limites de prêts.
« Le gouvernement a supprimé certains programmes d’aide aux étudiants à faible revenu et a modifié les règles en vigueur de façon à permettre aux étudiants d’augmenter la valeur totale de leurs prêts d’études. Ce qui aura pour effet de faire passer directement aux étudiants une plus grande partie du coût de l’éducation post-secondaire », explique M. Purkis. « Une fois diplômés, les étudiants seront davantage endettés et, par conséquent, de moins en moins en mesure de poursuivre des études supérieures. »
Le budget a éliminé 54 millions de dollars du programme de subventions et bourses d’études, remplaçant ces crédits par des prêts aux étudiants.
Pourtant, rappelle Mme Bonne-ville, la province a érigé l’accessibilité, l’abordabilité et la qualité en principes fondamentaux de sa politique d’éducation postsecondaire.
« Il n’en demeure pas moins que le gouvernement ne peut espérer maintenir l’engagement qu’il a pris il y a longtemps d’accroître l’accès au système d’éducation postsecondaire de l’Alberta et d’en assurer l’abordabilité tout en préservant sa qualité, s’il n’accorde pas au bout du compte les fonds nécessaires », dit-elle.
La province s’est engagée à créer 16 000 nouvelles places pour les étudiants d’ici 2011-2012.
« Malgré le menace immédiate de réduction des effectifs, le gouvernement ne semble pas vouloir
renoncer à ses projets ambitieux », indique Mme Bonneville. « Or, faire plus avec moins n’est pas une solution tenable. »
« Cette situation n’a rien de nouveau pour nous. En fait, à certains points de vue, nous ne nous sommes toujours pas remis pleinement des compressions de financement des années 1990. »