Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé qu’il mettait fin aux activités de l’université Lansbridge — un établissement virtuel à but lucratif basé à Fredericton — en raison d’irrégularités administratives et financières.
La décision fait suite à une recommandation de la Commission de l’enseignement supérieur des Provinces maritimes, qui est chargée de l’assurance de la qualité des universités privées conférant des grades.
L’établissement privé, qui s’auto-proclamait la principale université commerciale en ligne au Canada, faisait depuis 2008 l’objet d’un examen par la commission.
En 2009, l’établissement a reçu l’ordre de se conformer à quatre conditions, à savoir informer ses étudiants qu’il avait échoué l’évaluation, corriger les lacunes relevées par la commission, garantir la protection des étudiants et subir une seconde évaluation à ses frais.
Terminée plus tôt cette année, cette seconde évaluation a permis de constater que les problèmes persistaient. Le gouvernement a alors chargé des spécialistes en gouvernance universitaire de procéder à une inspection de Lansbridge, qui n’avait toujours pas remédier aux lacunes mises en lumière par chacune des évaluations.
Dans un communiqué rendu public le 20 août, le ministère provincial responsable de l’éducation postsecondaire a déclaré ce qui suit : « Après avoir échoué à deux évaluations institutionnelles, il a été constaté, à la suite d’une inspection sur place, que la Lansbridge University n’était toujours pas conforme à la norme et qu’elle offrait des programmes visiblement inférieurs à celle-ci. Par conséquent, l’université ne satisfaisait pas aux exigences décrites dans la Loi sur l’attribution de grades universitaires et son règlement d’application. »
La directrice générale de la commission, Mireille Duguay, a indiqué au Globe and Mail que Lansbridge manquait de crédibilité. « L’établissement qui se donne pour vocation de conférer des grades dans cette province se doit d’être crédible dans une perspective pan-canadienne », a-t-elle dit. « Et à ce titre, il doit se conformer à certaines normes qui ne sont pas les mêmes qui peuvent exister pour le dépanneur du coin. »
Quelque 170 étudiants étaient inscrits aux programmes de formation en ligne de l’université Lansbridge, qui fait partie de l’empire de l’éducation à but lucratif de l’homme d’affaires de Vancouver Michael Lo.
Deux autres de ses établissements — la Lansbridge University et le Kingston College établis à Vancouver — ont été fermés par le gouvernement de la Colombie-Britannique en 2007. Ce dernier a mis fin aux activités de Lansbridge après qu’un inspecteur indépendant eut conclu que l’université avait annoncé ses programmes illégalement, communiqué des renseignements fallacieux au gouvernement, exposé des étudiants à des risques financiers, offert des services inadéquats et négligé la tenue des dossiers des étudiants (sans compter l’impression de relevés de notes au verso de courriels recyclés).
Des infractions du même genre ont conduit à la fermeture du Kingston College.
« Nous avions dès 2001 protesté contre la décision du gouvernement de renouveler la licence d’exploitation de Lansbridge parce que nous avions prévu ce genre de problèmes et que nous nous opposions à ce que nos universités et collèges gravement sous-financés aient, pour obtenir des fonds publics, à livrer concurrence à des établissements à but lucratif conférant des grades », a déclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk.
« Il est temps que les deux ordres de gouvernement au pays tirent un enseignement des scandales qui ont éclaboussé un si grand nombre de ces établissements privés, et qu’ils fassent face à une vérité toute évidente : hormis les propriétaires et les actionnaires de ces types d’entreprise, personne — ni les étudiants, ni le personnel, ni encore moins le système d’éducation postsecondaire canadien dans son ensemble — n’en tire bénéfice à long terme. »