Les chercheurs et les ingénieurs des universités canadiennes s’interrogent de plus en plus sérieusement sur l’efficacité du Programme de subventions à la découverte du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG), compte tenu du taux de réussite de 58 % seulement des candidats qui se sont présentés au concours de 2010.
Depuis que le CRSNG a entrepris de remanier le processus d’attribution des subventions, le taux de réussite au concours du programme n’a cessé de reculer ces trois dernières années, de 71 % en 2008 à 64 % en 2009 pour atteindre un creux inégalé de 58 % cette année.
« Une tendance fort inquiétante », selon le directeur général de l’ACPPU, James Turk. « Le Programme de subventions à la découverte est la principale source de financement de la recherche fondamentale en sciences naturelles et en génie. La chute du taux de réussite conduira à un affaiblissement de la capacité globale de recherche de solutions aux nombreux problèmes complexes auxquels font face la société et l’économie canadiennes. »
Le CRSNG a annoncé récemment qu’il comptait rendre le programme encore plus sélectif en augmentant le degré de compétitivité entre les chercheurs pour obtenir une subvention et en réservant des fonds plus importants pour certaines propositions.
Le principe de sélectivité accrue cautionné par le CRSNG est déconcertant, soutient M. Turk, étant donné que les examens précédents du programme ont abouti à la conclusion contraire.
En 2007, le CRSNG a chargé un groupe international d’experts d’examiner son programme. Dans son rapport, le groupe a conclu que le programme, par son efficacité exceptionnelle, soutenait la comparaison internationale et parvenait à « maintenir dans les universités canadiennes une base diversifiée de moyens de recherche de haute qualité en sciences naturelles et en génie ». Il a toutefois prévenu le CRSNG que « toute réduction délibérée importante du taux de réussite au programme (...) se traduirait par un amoindrissement de l’appui à la recherche dans les plus petites provinces et les petits établissements ».
Un examen du programme réalisé à l’interne en 2007 a révélé que les fonds octroyés dans le cadre du programme ne suffisaient pas à répondre aux besoins des chercheurs universitaires de plus en plus nombreux qui ont été embauchés au cours de la dernière décennie, et que le montant moyen des subventions à la découverte n’avait pas été indexé en fonction de l’inflation.
« Le problème central demeure l’insuffisance des fonds de recherche accordés par les trois conseils subventionnaires », explique M. Turk. « Un problème exacerbé par la tendance au sein du CRSNG à cibler de plus en plus de fonds vers les partenariats universités-secteur privé et les initiatives de commercialisation. »
Le Programme de subventions à la découverte représentait les deux tiers du budget du CRSNG lors de la création de ce dernier en 1978, contre environ 33 % seulement aujourd’hui.
La situation ne fera qu’empirer pour les chercheurs en milieu universitaire à mesure que le CRSNG mettra à exécution son intention de réduire de 14,5 millions de dollars le budget du programme sur les trois prochaines années.