Le gouvernement de la Colombie-Britannique donnera aux compagnies pharmaceutiques davantage de pouvoir dans le dossier des médicaments assurés en leur communiquant d’avance des renseignements confidentiels. Selon un groupe de défense des soins de santé, « c’est comme si la province venait de confier la gestion du crime de rue à des bandes de motards ».
Dans un communiqué du 30 septembre conviant les parties prenantes à une réunion à huis clos qui s’est tenue à Vancouver le mois dernier, le sous ministre de la Santé de la Colombie-Britannique, John Dyble, a promis « une mobilisation accrue des commanditaires », les fabricants de médicaments étant désormais appelés à intervenir à quatre moments différents dans un « processus d’examen amélioré » qui vise à déterminer quels produits figureront sur le formulaire du régime d’assurance-médicaments de cette province.
Toujours d’après ce communiqué, l’industrie pharmaceutique pourra « intervenir avant et après
la recommandation faite par la commission de l’assurance-médicaments ainsi qu’avant et après la décision prise sur les médicaments en cause par le ministère de la Santé ».
On y apprend par ailleurs que le gouvernement compte mettre en œuvre des recommandations formulées par un groupe de travail contrôlé par des représentants de l’industrie et mis sur pied par celle-ci il y deux ans.
« Essentiellement, ce que fait le gouvernement, c’est dire à l’industrie qu’il procède bel et bien, comme elle le désire, au démantèlement d’un régime d’assurance-médicaments qui pourrait servir de modèle pour le reste du pays », a expliqué Michael McBane, coordonnateur national de la Coalition canadienne de la santé. « Ce que ce gouvernement ne dit pas, c’est que les changements qu’il compte apporter au programme d’évaluation des médicaments met des vies en danger et ajoutera des millions de dollars à l’enveloppe provinciale pour les médicaments. »
Le groupe de travail en question veut que la Therapeutics Initiative (TI), un groupe de chercheurs
indépendants à l’Université de la Colombie-Britannique qui évalue des médicaments en fonction de données probantes pour le gouvernement de cette province depuis 1994, n’ait plus voix au chapitre lorsqu’il s’agit d’approuver des médicaments.
Pourtant, l’équipe de la TI s’est attirée des éloges ici et à l’étranger pour avoir su promouvoir chez les médecins une culture de données probantes plutôt qu’une « culture du marketing », selon les mots de M. McBane, culture devenue monnaie courante ailleurs au Canada.
« Grâce au travail de ces chercheurs, en Colombie-Britannique, le coût moyen des médicaments sur ordonnance par personne est inférieur de 27,7 % à celui que doit assumer la population dans le reste du pays; les résidents de la province jouissent aussi des meilleurs choix qui soient en matière de soins et ont le meilleur bilan de santé au pays », a précisé M. McBane.
Les défenseurs de la TI font valoir que celle-ci a aussi permis de sauver des vies en alertant la population des dangers éventuels de certains médicaments, comme l’anti-inflammatoire Vioxx. Les restrictions appliquées à son utilisation par suite des recommandations de la TI auraient permis de sauver environ 500 vies dans la province.
L’ACPPU travaille en étroite collaboration avec la TI dans le but d’assurer sa survie.
« Tant le gouvernement que l’Université de la Colombie-Britannique devraient protéger ces hercheurs et s’ingénier à donner plus d’envergure à leurs travaux, et non à les corseter », a éclaré le directeur général de l’ACPPU, James Turk.
Il a indiqué qu’une délégation formée de représentants de l’association du personnel académique e l’UBC et de l’ACPPU avait écemment rencontré le recteur de l’UBC, Stephen Toope, « pour l’inciter à défendre la TI et à trouver d’autres moyens d’aider ce groupe de chercheurs à poursuivre son travail public et académique inestimable ».