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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mai 2013

Une commission recommande des changements à la gouvernance du collège militaire

Une commission indépendante prône des changements à la structure de gouvernance du Collège militaire royal du Canada (CMRC) afin de protéger l’intégrité académique de l’établissement.

Le rapport de la commission rendu public le 9 avril signale que le CMRC est une université et une académie militaire où sont dispensés à la fois une formation d’officiers et un enseignement universitaire. Bien que la gouvernance de l’éta­blissement ait toujours privilégié l’association des cultures militaire et académique, des inquiétudes se sont néanmoins manifestées ces dernières années au sujet de l’affaiblissement du pouvoir de l’escadre des études.

« L’intégrité académique fondée sur les valeurs sous-jacentes de la liberté académique et de la pensée critique semble incompatible avec les notions de commandement qui éclairent le processus décisionnel militaire, souligne le rapport. Ce­pendant, le développement et la mise en pratique de la pensée critique et de la liberté de recherche sont essentiels à la profession militaire et à l’exercice du commandement. Ces éléments devraient être acquis et perfectionnés simultanément au début de la carrière d’un officier. »

Au cours de son enquête, la commission a constaté un inquiétant manque « d’autorité et d’autonomie » du côté académique de l’établissement.

« Dans le cadre de la structure de gouvernance actuelle, le personnel académique ne détient ni le contrôle absolu du budget qui lui est alloué ni un contrôle suffisant sur les décisions relatives aux effectifs et aux programmes d’études », conclut la commission.

« Pour assurer la coexistence harmonieuse des cultures académi­que et militaire, il est nécessaire que la communauté académique du CMRC bénéficie d’un degré d’indépendance adéquat en matière académique, recommande le rapport. Le commandant et le recteur devraient être considérés comme des partenaires dans une relation fondée sur la collaboration, plutôt que comme deux personnes dont seule la hiérarchie commande la relation. »

Faisant bon accueil au rapport, le directeur général de l’ACPPU, James Turk, appelle le ministère de la Dé­fense nationale et l’administration du CMRC à adopter les recommandations des commissaires.

« C’est un fait reconnu : l’attribution au personnel académique d’un rôle central dans l’élaboration et la mise en place des politiques éduca­tives constitue l’un des piliers fondamentaux de la gouvernance de toutes les universities », affirme M. Turk. « Comme l’indique le rapport, on ne saurait attendre rien de moins du CMRC, et cela n’est nullement incompatible avec sa tradition et sa pratique courante. »

Le rapport de la commission souligne également les mesures à prendre pour répondre aux préoccupations quant au défaut d’une procédure établie pour pourvoir les postes académiques, à l’absence de contrôle de l’université sur l’octroi des promotions et à l’inexistence de la permanence pour les professeurs.

Le rapport recommande que le CMRC adopte des processus d’embauche et d’octroi de promotions et de la permanence qui soient « compatibles avec les procédures mises en place dans les autres universités canadiennes ».

Créée par l’ACPPU en septembre 2012, la commission indépendante avait le mandat d’examiner la structure de gouvernance du CMRC, d’envisager d’autres modèles de gouvernance appropriés à un collège militaire et de formuler des recommandations. Elle était composée de Robin Boadway, titulaire de la chaire David-Chadwick-Smith en économie de l’Université Queen’s, du lieute­nant-colonel (retraité) Steve Nash (infanterie, Royal Canadian Regiment) et d’Elinor Sloan, professeure de relations internationales à l’Université Carleton.