Le 19 mars, les professeurs de l’Université York ont déclenché la grève. La Caisse de défense a promis 1 million de dollars en indemnités de grève ainsi qu’un soutien financier pour les activités de fonctionnement du syndicat pendant la grève. Des associations de professeurs ont également fait des dons avec, en tête, l’Association of University of New Brunswick, qui a donné 10 000 $.
Alors que la grève en est maintenant à sa quatrième semaine, le Comité de direction de l’ACPPU a lancé une alerte nationale et internationale en rendant publiques les énormes tentatives de l’administration pour miner la négociation collective et refuser de négocier sérieusement avec l’association des professeurs de l’université.
La YUFA a reçu de nombreux messages d’appui par télécopieur et par courrier électronique. La fédération des étudiants de York a également appuyé les grévistes ainsi que l’élément ontarien de la Fédération canadienne des étudiantes et des étudiants.
L’association of University Teachers (AUT) du Royaume-Uni a recommandé à ses membres de ne pas accepter de postes à l’Université York, de ne pas participer à des projets de recherches concertées et de ne pas assister à des conférences à l’université.
Le ton des négociations a été établi l’été dernier lorsque l’administration a décidé de mettre un terme aux négociations, d’annuler la conciliation et de dépouiller la convention de l’un de ses principaux articles sur la retraite en imposant son propre article. L’administration a de fait agi unilatéralement et a mis le syndicat au défi de faire la grève. Les négociations ont néanmoins repris à l’automne et à l’hiver sans succès.
Lors d’une manifestation organisée le 25 mars dernier, le président de la YUFA, David Clipsham, et le président de l’ACPPU, Bill Bruneau, ont fait remarquer le lien entre l’imposition unilatérale d’articles de la convention et le problème plus général de la nature très centralisée et directive de la prise de décision à l’Université York. De plus en plus de décisions importantes sont prises selon un style de gestion verticale descendante et les conséquences sont flagrantes : la taille des classes augmente, des décisions coûteuses sur l’utilisation de nouvelles technologies sont prises sans négociation suffisante et sans planification efficace. Le syndicat a donc décidé de faire de la taille des classes et des changements technologiques un enjeu important des négociations.
Les professeurs sont en outre en colère contre l’administration sur les questions salariales. En dix ans, l’université est passée de la 4e à la 12e place en Ontario. L’administration soutient qu’elle n’a pas d’argent. Le syndicat prétend toutefois qu’elle a mis des fonds en réserve que le conseil d’administration utilisera à sa discrétion.
Le gouvernement de l’Ontario a en outre reconnu que la région de Toronto serait le centre d’une augmentation massive d’étudiants au cours des prochaines années.
À maintes reprises, l’administration a fait des déclarations trompeuses au sujet des salaires, ce qui a aggravé la situation financière. Ainsi, bien qu’elle n’offre aucune augmentation d’échelle, elle a déclaré publiquement qu’elle offrait 8 p. 100. Elle arrive à ce pourcentage en additionnant les hausses d’échelon automatiques de la grille de rémunération, le salaire que l’université devrait verser de toute façon, y compris la hausse d’échelon pour l’année universitaire dont presque la totalité a déjà été versée.
À la réunion du 25 mars, David Clipsham a soutenu que la seule solution était de répliquer par une ferme résistance aux tactiques rigides de l’administration. M. Bruneau a mentionné la tendance qui se dessinait dans certaines universités et provinces. Il a déclaré qu’il importait de résister aux attaques «sur la façon dont nous nous administrons», quel que soit le défi à surmonter.
Au début d’avril, l’administration a demandé au syndicat de procéder à une médiation intensive de deux jours menée par Kevin Burkett, un médiateur privé, et le syndicat a accepté. Pendant ces deux journées, l’administration n’a fait aucune offre et n’a bougé sur aucune des questions litigieuses. Elle a déclaré qu’elle avait un mandat et qu’elle ne le modifierait pas.
Le syndicat avait déposé plus tôt des propositions sur un régime de retraite souple et avait proposé une médiation ou un arbitrage avec un tiers pour les dispositions sur la retraite et la structure salariale. Elle a également montré des secteurs où elle pourrait assouplir sa position pendant la médiation, sans résultat. Le directeur général de l’ACPPU, Donald Savage, qui a assisté à la médiation, a qualifié d’extraordinaire l’attitude de l’administration à ne présenter aucune offre.
Le 9 avril, la YUFA a officiellement offert de soumettre à l’arbitrage exécutoire toutes les questions non réglées pendant les négociations, une stratégie fortement soutenue par les membres, et de retourner au travail pendant que l’on discuterait des procédures de l’arbitrage. L’administration a refusé.
Outre les questions reliées à la négociation, de nombreux professeurs de York s’inquiètent de la commercialisation grandissante de l’université, en particulier en ce qui concerne la décision de permettre à des donateurs d’accoler leur nom à des cours. De nombreuses personnes ont pensé que l’administration était en train de vendre la liberté universitaire. Plus l’administration réfute les accusations, moins les grévistes la croit.