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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

mai 1997

Les universités canadiennes et les élections fédérales de 1997

Par Bill Bruneau

Le ciel nous tombe-t-il sur la tête?

La présente campagne électorale offre à l’ACPPU une occasion de mettre en valeur l’enseignement postsecondaire. Mais elle pose aussi un problème. Parlons d’abord de cette occasion. Les années 1980 et 1990 ont été difficiles pour l’enseignement postsecondaire public, tout comme elles l’ont été pour l’école publique, les soins de santé publics et les grandes institutions de la sécurité sociale.

Nous avons su maintenir ces lieux accueillants et d’excellente qualité que sont les universités malgré les gels et les compressions budgétaires, surtout depuis 1982. Nous avons fait face à la hausse des effectifs étudiants et nous avons obtenu un nouvel équilibre entre l’enseignement, la recherche et le service à la collectivité. Nous avons acquis une solide réputation à l ’échelle internationale pour nos travaux intellectuels, artistiques et scientifiques. Nous avons contribué pleinement à établir des politiques canadiennes d’ intérêt public dans toutes les sphères de la vie nationale et à les réaliser. Notre engagement envers des normes supé rieures d’enseignement et de recherche n’a d’égal que notre engagement envers l’équité et la pratique démocratique, des aspects primordiaux de l’administration politique canadienne.

Nous avons donc l’occasion, pendant la présente campagne électorale, de défendre ces points de vue et d’encourager un engagement renouvelé envers un financement public suffisant pour le système postsecondaire.

Nous avons toutefois un problème. Il est vrai que nous avons réussi à maintenir l’excellence du système, que nous avons réussi à le rendre responsable et transparent pour les jeunes du Canada. Les universités, hélas, sont au bout de leur rouleau. Nous devons maintenant avoir droit à un financement suffisant sans avoir à fournir une comptabilité détaill ée et stupide. Sans financement et sans autonomie, nous ne pouvons livrer ce pour quoi les universités existent, au passé comme au présent.

Pendant la campagne électorale, devrions-nous ê tre pessimistes et brandir la menace que le ciel va bientôt nous tomber sur la tête? Devrions-nous faire valoir que sans un financement suffisant de l’enseignement postsecondaire, le moteur socio-économique du Canada s’arrêtera en grinç ant? Bien sûr que non.

Nous pouvons dire que l’enseignement postsecondaire accessible (et équitable) est directement menacé. Nous pouvons souligner les liens entre la pauvreté et le chômage et décrire l’endettement d’une génération entière d’étudiants.

Nous pouvons prouver comment le sous-financement de la recherche a mis en péril notre réputation internationale. Nous pouvons inviter la population canadienne dans nos classes, par le truchement des mé dias et par l’intermédiaire de nos rapports avec les candidats, pour lui montrer combien il est maintenant difficile d’offrir un enseignement de qualité.

Nous pouvons signaler la crise imminente de nos bibliothèques, certaines é tant déjà au point de rupture. Nous devrions en outre recommencer à parler des salaires dans les universités canadiennes qui ne sont plus concurrentiels avec ceux de l’industrie et encore moins avec les taux de rémunération américains.

Oui, le ciel a commencé à s’effondrer. Comme d’habitude dans l’histoire sociale canadienne, le public ne l ’a pas encore remarqué. Il vous revient d’en parler et de le faire avec vigueur. Nos mots clés pourraient être «accès» et «qualité».

Nous aimerions bien que la situation se stabilise, ou mieux, qu’elle fasse une remontée.