L'abolition de programmes et les licenciements qui menacent actuellement l'université sont relatés en détail dans le dernier numéro du Bulletin de l'ACPPU. La situation a connu, depuis, plusieurs événements notables.
En premier lieu, il est devenu manifeste lors de négociations subséquentes que la direction souhaitait obtenir une procédure de licenciement rationalisée. La CUASA a cependant soutenu qu'aucun professeur ne devait être licencié si d'autres collègues de la même faculté désirant prendre une retraite anticipée ou quitter volontairement l'université se voyaient refuser leur demande par la direction.
L'association s'en est tenue à deux principes : que les départs volontaires aient la priorité sur les départs involontaires et que des licenciements soient effectués seulement si les départs volontaires n'engendraient pas les économies jugées nécessaires.
Pour mettre en oeuvre ces principes, la CUASA a soumis une proposition qui tenait compte des préoccupations de la direction au sujet de l'équilibre du budget et de ses propres préoccupations quant au traitement décent que méritent des collègues estimés. Il est très important de comprendre que la direction a refusé catégoriquement d'étudier cette solution pour réaliser les économies nécessaires.
L'insistance de la direction à se limiter uniquement aux licenciements montre sans équivoque que la crise à l'Université Carleton, au fond, n'est pas une lutte monétaire. L'attitude des cadres supérieurs à la table de négociation renforce l'impression qu'ils veulent faire ces licenciements pour créer un précédent et établir des procédures autorisant des compressions plus importantes l'année prochaine.
Le refus du recteur de l'Université Carleton, Richard Van Loon, de déclarer en termes clairs que son administration n'effectuerait pas d'autres licenciements a donné plus de poids à cette interprétation.
Pendant leur campagne d'abolition de programmes, les cadres supérieurs ont maintenu que les licenciements seraient une mesure unique. Le recteur l'a bien précisé lorsqu'il a pris la parole devant le conseil général de faculté en septembre 1997 et qu'il a déclaré que l'administration ne le ferait plus. Il l'a d'ailleurs répété plus tard dans des entrevues à la presse.
Toutefois, six jours après que le conseil d'université eut accepté le projet d'abolition du recteur, le bureau des relations publiques de l'université a publié un communiqué de presse précisant que des programmes ne seraient plus abolis pour des motifs financiers. Par contre, on faisait explicitement allusion à d'autres modifications à des fins de réaffectation interne.
Indiscutablement, ce coup de tonnerre dans un ciel bleu contredisait les garanties que le recteur avaient faites en public. La CUASA a donc écrit à M. Van Loon pour lui demander de dissiper l'ambiguïté en promettant publiquement que son administration ne chercherait pas à abolir plus de programmes ou à licencier plus d'universitaires.
La CUASA a souligné le fait que cette promesse serait entièrement conforme à ce qu'il avait garanti et n'exigerait pas plus que ce à quoi il s'était déjà engagé.
La première réponse du recteur reconnaissait les garanties antérieures mais était loin de la déclaration que nous souhaitions. Malheureusement, lorsque la CUASA a demandé des éclaircissements, le recteur lui a répondu sur un ton d'avocat, enjoignant les personnes intéressées à mettre ses garanties antérieures dans leur contexte.
Bref, le recteur, devant l'occasion de faire une déclaration sans équivoque, a choisi de demander aux professeurs de tenir compte aussi des subtilités. Malgré ses garanties antérieures, le recteur ne veut plus s'engager franchement à ne pas effectuer d'autres licenciements.
Enfin, ces faits nouveaux ont été rapportés lors d'une assemblée générale de l'association des professeurs tenue le 16 janvier dernier. Les membres ont fait preuve d'une grande solidarité et d'une détermination envers la question des licenciements.
Une motion a été déposée donnant à l'exécutif de la CUASA le mandat de tenir un vote de grève au moment opportun si des négociations supplémentaires sur le licenciement des professeurs permanents ne se concluaient pas d'une manière satisfaisante. La motion a été adoptée à l'unanimité.
Les négociations reprendront bientôt et notre équipe de négociation a ajouté la motion adoptée à l'assemblée générale à la position de négociation de la CUASA. Pour des motifs légaux, l'association ne peut tenir de vote de grève avant le 1er avril. Le vote sera désormais inévitable si les cadres supérieurs maintiennent leur position de non-compromis.
E. Peter Fitzgerald est président de la Carleton University Academic Staff Association.