La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants lance une semaine d'action pancanadienne, du 13 au 16 octobre, pour protester contre les frais de scolarité qui montent en flèche. «C'est la courte honte de notre pays que ses étudiants doivent commencer une nouvelle session d'automne chargés de frais de scolarité et d'un fardeau d'endettement parmi les plus lourds au monde», a déclaré Elizabeth Carlyle, présidente de la Fédération.
Un rapport récent de Statistique Canada révèle que les frais de scolarité ont continué à augmenter considérablement en 1998-1999 après une hausse de 88 p. 100 en 1990. La Fédération a demandé que les gouvernements fédéral et provinciaux réinvestissent des fonds dans l'enseignement postsecondaire et gèlent les frais de scolarité à la grandeur du pays.
Les étudiants en arts du premier cycle font face à une hausse moyenne de 6,9 p. 100 des frais de scolarité, s'élevant en moyenne à 3 197 $ dans l'ensemble du pays. Les étudiants de l'Ontario sont les plus durement touchés avec une hausse de 9,2 p. 100 des frais de scolarité, les portant en moyenne à 3 564 $. La Nouvelle-Écosse continue de se distinguer en ayant les frais de scolarité les plus élevés en moyenne au pays, lesquels s'élèvent à 3 903 $. D'autre part, le Québec maintient la moyenne la moins élevée, soit 1 726 $ (aucune hausse). La moyenne des frais de scolarité en Colombie-Britannique a connu une faible hausse de 0,7 p. 100 seulement, soit la moins élevée de toutes les provinces.
Les étudiants des 2e et 3e cycles ont connu une hausse de leurs frais de scolarité annuels encore plus importante. Ils passent en effet à 3 287 $, soit une augmentation moyenne de 9,3 p. 100. La Nouvelle-Écosse et l'Ontario remportent la palme avec des augmentations qui portent les frais de scolarité à 5 049 $ et 4 224 $ respectivement. Les étudiants des programmes professionnels, dont le MBA ou le programme MBA pour les gens d'affaires font également face à des hausses sensibles attribuables à la déréglementation et aux politiques de recouvrement des coûts. Les étudiants de toutes les provinces subissent en outre une augmentation des frais accessoires.
La Fédération soutient que la dette moyenne des étudiants a augmenté de presque 200 p. 100 depuis huit ans. Compte tenu des frais de scolarité, des frais accessoires, de la pension et des livres, un grade universitaire de premier cycle coûte maintenant 25 000 $ contre 8 600 $ en 1990. Selon l'Ontario Community College Student Parliamentary Association, les étudiants des collèges ne sont pas dans une meilleure situation. Ainsi, la dette moyenne des étudiants de collège qui terminent un programme de deux ans s'élève à 14 000 $.
Près de la moitié de tous les étudiants du secteur postseondaire à temps plein doivent emprunter pour payer leurs études. Le Programme canadien de prêts aux étudiants n'offre aucune aide sous forme de bourses, non remboursables et disponibles à large échelle. De même, la majorité des régimes d'aide financière provinciaux ont remplacé les bourses par des prêts d'études.
Les effets de cinq ans de coupes sombres dans les paiements de transfert se font sentir dans les statistiques sur la pauvreté étudiante rendues publiques par la Fédération et l'Association canadienne des banques alimentaires. Dans un mémoire présenté en 1997 à la Com-
mission de l'enseignement supérieur des provinces Maritimes, les étudiants ont fait valoir que ces compressions avaient préparé le terrain aux administrations universitaires pour qu'elles refilent aux étudiants leur manque à gagner. Selon les étudiants, la pauvreté s'est par conséquent répandue et s'est intensifiée dans les années 1990.
Cette constatation explique l'augmentation alarmante du recours aux banques alimentaires dans les universités et les collèges partout au Canada. Au total, il existe actuellement dans les campus canadiens 44 banques alimentaires et programmes de dons d'aliments permanents contre 12 en 1994.
«Les hausses continuelles des frais de scolarité ne font que décourager les étudiant», a déclaré Mme Carlyle. «Ils sont d'avis que le prétendu Budget de l'éducation de 1998 du ministre Martin est carrément inefficace pour résoudre la crise de l'endettement étudiant au Canada.» Bien que la Fondation canadienne des bourses du millénaire apporte un peu d'aide, elle n'en accordera qu'à 7 p. 100 des étudiants du secteur postsecondaire.
La Fédération a enjoint le gouvernement de mettre sur pied un régime complet de bourses d'études à l'échelle du pays. «Les étudiants sont bel et bien oubliés», a déclaré Mme Carlyle en faisant référence à la première place que l'Organisation des Nations-Unies vient d'accorder au Canada dans son indice du développement humain. «L'Organisation des Nations-Unies peut bien avoir accordé au Canada la première place, il est l'un des deux seuls pays industrialisés qui n'offre pas de régime complet de bourses à ses étudiants», a-t-elle ajouté. La Fédération a demandé que les Bourses du millénaire soient transformées en bourses fondées sur les besoins.
Les changements radicaux effectués dans l'ensemble du système au cours des dernières années causent de plus en plus de frustration. Pour cette raison, près d'un demi-mil-lion d'étudiants à la grandeur du pays participeront à l'action pancanadienne de la Fédération pour transmettre un message clair à tous les échelons gouvernementaux : le financement de l'enseignement postsecondaire au Canada doit devenir une priorité.