L'ACPPU a constaté avec déception que le discours du Trône, livré le mois dernier, prévoyait si peu pour l'enseignement postsecondaire. «Il a plutôt montré une vision étonnamment modeste pour le prochain siècle, une vision qui ne semble pas vouloir réparer les torts causés au système d'enseignement postsecondaire mal en point du Canada», a déclaré le président de l'ACPPU, Bill Graham.
L'annonce d'une augmentation du financement des conseils subventionnaires, d'un montant non précisé, a particulièrement intéressé les universités. Le lendemain, le gouvernement a fait savoir qu'il créerait 1200 Chaires d'excellence en recherche dans les universités canadiennes. L'ACPPU a accueilli avec satisfaction la création de nouveaux postes qui soulève toutefois plusieurs questions.
Selon Bill Graham, les crédits promis pour les chaires de recherche n'arrivent même pas à compenser les coupes sombres effectuées au cours des dernières années et ne règlent pas non plus les problèmes découlant de l'insuffisance du financement de base.
Les titulaires des nouvelles chaires seront uniquement des chercheurs sans tâche d'enseignement. «Il semble que les étudiants ne pourront profiter en classe de l'expertise de ces personnes, ce qui est inquiétant car la véritable force de nos universités repose sur le lien entre la recherche et l'enseignement», a soutenu Bill Graham.
Il a ajouté que les nouveaux crédits ne répareront pas l'état lamentable des installations, de l'équipement et d'autres infrastructures des universités. «Qu'est-ce que cela vaut d'embaucher des chercheurs si l'équipement est désuet ou si la bibliothèque est inadéquate? Voilà les véritables problèmes auxquels sont présentement confrontés les chercheurs universitaires, attribuables aux compressions gouvernementales.»
Ottawa a annoncé que la majeure partie de ces nouveaux crédits serait affectée à la recherche médicale et scientifique appliquée. Cette décision s'inscrit dans la foulée des initiatives stratégiques récentes incitant de plus en plus les chercheurs à mener des travaux dont les avantages commerciaux sont, paraît-il, plus immédiats. «Qu'adviendra-t-il, dans ce cas, de la recherche qui est importante même si son attrait commercial n'est pas immédiat?», s'est demandé M. Graham.