Le gouvernement de l'Ontario revient à la charge sur la question des universités privées, mais, cette fois, il s'agit d'universités virtuelles ou en ligne. La pression vient des États-Unis où plusieurs de ces universités ont commencé à s'implanter.
De nombreux facteurs expliquent la popularité de ce genre d'enseignement au palier postsecondaire qui ne cessera de grandir au cours de la prochaine décennie : la croissance démographique du groupe des 18 à 24 ans et les besoins de l'économie du savoir. Cependant, l'Ontario et les autres provinces sont mal préparés à cette augmentation de la demande car les fonds publics fédéraux et provinciaux sont insuffisants, surtout concentrés sur l'urgent dossier des soins de santé, et que rien n'a été prévu pour pallier l'imminente pénurie de professeurs.
Le gouvernement de l'Ontario est attiré par les universités privées parce qu'il croit qu'elles régleront le problème de l'accessibilité sans puiser dans les coffres publics et qu'elles seront plus sensibles aux besoins de formation immédiats du marché.
Or, les universités privées ne sont pas la réponse aux problèmes de l'enseignement supérieur. D'abord, les gouvernements devront aider financièrement les étudiants fréquentant tant les universités privées que publiques alors que les frais de scolarité des premières seront beaucoup plus élevés que ceux des dernières.
Deuxièmement, la recherche de qualité ne peut s'effectuer dans les universités sans d'énormes subventions gouvernementales. Malgré cette évidence, le gouvernement canadien insiste sur les alliances avec le secteur privé pour une grande partie des recherches qu'il parraine. Par ailleurs, les universités ne peuvent prétendre être des établissements de haut savoir si leurs professeurs ne participent pas à la création de nouvelles connaissances appelées «recherche». Les universités virtuelles ne possèdent pas le noyau critique de professeurs à temps plein pour faire des recherches sérieuses.
Troisièmement, sans ce noyau critique de professeurs à temps plein, les universités virtuelles ne peuvent offrir la permanence à leurs professeurs lesquels, par conséquent, ne peuvent se faire garantir la liberté universitaire.
Quatrièmement, ces universités, où les professeurs sont des «animateurs» ne déterminant pas eux-mêmes le contenu du programme d'études, ne peuvent maintenir une forme de direction collégiale sans un noyau critique de professeurs à temps plein.
Enfin, les universités virtuelles résistent à la syndicalisation des professeurs et ne prévoient rien pour la libre négociation collective qui défend la liberté universitaire et l'intégrité de l'activité intellectuelle.