Selon les conclusions d'une table ronde organisée par l'ACPPU le mois dernier, le gouvernement fédéral doit redéfinir sa méthode de financement de l'enseignement postsecondaire s'il veut en maintenir l'accessibilité et la qualité.
«Plus que jamais, il est évident que la méthode actuelle pour transférer des crédits aux provinces par l'entremise du Transfert canadien en matière de santé et de programmes sociaux est fondamentalement déficiente», a déclaré Bill Graham, président de l'ACPPU.
Il a signalé que l'augmentation unique de 2,5 milliards de dollars du TCSPS, annoncée dans le budget 2000 du gouvernement fédéral, ne rétablissait pas les sommes retranchées antérieurement et ne garantissait pas que les provinces dépenseront ce supplément.
«Le premier ministre de l'Ontario a déjà fait savoir que son gouvernement ne dépenserait pas un sous du supplément du TCSPS pour l'enseignement postsecondaire», a ajouté M.Graham.
Organisée sur la colline du Parlement et diffusée par la chaîne d'affaires publiques par câble CPAC, la table ronde a réuni des économistes et des analystes de la politique qui ont évalué de manière critique les conséquences du budget fédéral pour le système d'enseignement postsecondaire du Canada.
Michael Conlon, président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, a prévenu que le fait que le gouvernement n'investisse pas son considérable surplus dans l'enseignement postsecondaire forcera les étudiants et leur famille à supporter un plus lourd fardeau financier alors que les droits de scolarité continuent de grimper.
Robert Chernomas, économiste à l'Université du Manitoba et président de la Manitoba Organization of Faculty Associations, a critiqué en particulier l'accent mis sur les réductions d'impôt au détriment d'un réinvestissement dans les services et les programmes publics.
«Les réductions d'impôt auront comme mauvaise conséquence d'empêcher les gouvernements de réinvestir dans les programmes sociaux qui en ont grandement besoin», a déclaré M. Chernomas. «En investissant l'équivalent dans l'enseignement postsecondaire, le gouvernement en sortirait gagnant grâce à l'accroissement de la productivité.»
«Howard Pawley, ex-premier ministre du Manitoba et actuellement président de l'University of Windsor Faculty Association, a demandé aux gouvernements fédéral et provinciaux de collaborer pour créer un nouveau mécanisme de financement régi par une loi sur l'enseignement postsecondaire dans laquelle seraient inscrits des principes de base pour tout le pays.
M. Pawley a déclaré que les principes de cette loi porteraient sur le caractère accessible et abor-dable de l'enseignement postsecondaire, la polyvalence, une administration publique et à but non lucratif, et la protection de la liberté universitaire.
Arpi Hamalian, présidente de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d'université, a fait remarquer que cette loi recevrait de l'appui au Québec.
«En principe, si la loi suivait le modèle de la Loi canadienne sur la santé et qu'elle s'appliquait à l'enseignement supérieur, elle serait appuyée au Québec», a-t-elle affirmé. «La crise qui secoue l'enseignement postsecondaire dans notre province est tout aussi grande, sinon plus, que dans les autres provinces.»
Donald Savage, ancien directeur général de l'ACPPU, a signalé que le fédéral a créé le TCSPS pour relayer aux provinces les compressions dans les programmes sociaux.
«Puisque les finances fédérales sont passées du déficit à un état de surplus, le gouvernement voudra peut-être jouer un rôle plus grand dans l'enseignement postsecondaire tout en respectant les droits de compétence provinciale.»