Après un long retard, le gouvernement fédéral a rendu publics le mois dernier les détails concernant le programme de chaires de recherche du Canada. Les critiques du programme ont cependant prévenu qu'il comportait de graves lacunes.
« Il est urgent d'accroître le financement de l'enseignement postsecondaire pour combler les besoins impérieux des universités et des collèges », a fait remarquer le président de l'ACPPU, Tom Booth. « Cependant, selon nous, le projet des chaires de recherche ne contribue pas beaucoup à combler ces besoins. De fait, il peut empirer les problèmes auxquels font face nos universités et nos collèges. »
Avec ce projet, le gouvernement octroiera 300 millions de dollars au cours des trois prochaines années pour créer 2 000 chaires de recherche dans les universités canadiennes. Du total, 6 p. 100 sera réservé aux universités plus petites, tandis que le reste sera imparti aux universités en fonction de leur part de financement moyen triennal qu'elles reçoivent des conseils subventionnaires fédéraux. D'après le guide du programme, 20 p. 100 des chaires seront attribuées aux sciences humaines et sociales, 35 p. 100 aux sciences médicales et 45 p. 100 aux sciences naturelles et appliquées.
Selon des données actuelles, l'ACPPU estime que presque deux tiers des chaires seront attribuées à 10 universités alors que les 80 autres universités se contenteront du reste.
« Le fait que seulement dix universités obtiennent le gros des chaires nous amène à nous inquiéter sérieusement du risque que les grandes universités chipent les professeurs des universités plus petites », a déclaré M. Booth.
M. Booth s'est également dit préoccupé par la proportion de chaires réservées aux sciences humaines et sociales, soit seulement 20 p. 100, même si ce chiffre n'est pas proportionnel à l'activité de recherche qui s'effectue dans ces domaines. »
L'ACPPU estime qu'il faudra construire l'équivalent de 50 nouveaux édifices universitaires pour accueillir les bureaux et les laboratoire des 2 000 chaires. Le financement de ces infrastructures n'est cependant pas garanti. Des subventions seront offertes par l'entremise de la Fondation canadienne pour l'innovation mais seront conditionnelles à des partenariats avec le secteur privé.
« Si une université ne peut recruter un partenaire privé, elle aura de la difficulté à respecter les conditions de financement des infrastructures des chaires », a prévenu le directeur général de l'ACPPU, Jim Turk. « Il faudra sacrifier d'autres secteurs. »
M. Turk a en outre mentionné que le financement des chaires de recherche est garanti pendant trois ans seulement, même si la durée des nominations s'étale de cinq à sept ans. « Si le programme n'est pas renouvelé, les universités à court d'argent devront peut-être absorber le coût annuel des chaires de 300 millions de dollars. »
Traduit de l'article « CAUT Criticizes Canada Research Chairs Program ».