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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

novembre 2000

La privatisation de l'éducation en Ontario

Le gouvernement de l'Ontario a déposé à la mi-octobre un projet de loi pernicieux et très controversé, en l'occurrence la Loi favorisant le choix et l'excellence au niveau postsecondaire.

Le projet de loi 132 abroge la Loi sur l'attribution des grades et modifie l'intitulé ainsi que des dispositions de la Loi sur le ministère des Collèges et Universités. La loi, si elle est adoptée par l'Assemblée législative, permettra la création d'établissements d'enseignement postsecondaire privés en Ontario et autorisera les collèges d'arts appliqués et de technologie à conférer des grades d'études appliquées.

La loi créera la Commission d'évaluation de la qualité de l'éducation postsecondaire. Cette commission fournira des conseils sur les programmes menant à un grade proposés par des collèges ontariens, des établissements conférant des grades de l'extérieur de la province et des nouveaux établissements ontariens conférant des grades, y compris sur ceux proposés par des établissements privés.

Le gouvernement prétend que cette nouvelle loi offrira un plus grand choix aux étudiants et améliorera la qualité de l'éducation. Cependant, les opposants à cette loi soutiennent qu'elle nuira à l'ensemble du système. Selon le président de l'Union des associations des professeurs des universités de l'Ontario, Henry Jacek, le besoin d'universités privées n'a pas été identifié. « D'un rapport à l'autre, les universitaires ontariens ont nettement souligné les préoccupations que soulève l'arrivée des établissements privés à but lucratif et les répercussions négatives qu'ils pourraient avoir sur la qualité de l'enseignement universitaire en Ontario. »

Alors que les effectifs étudiants devraient atteindre le niveau maximum de 90 000 étudiants d'ici dix ans et qu'il manquera près de 15 000 professeurs, M. Jacek affirme que le gouvernement continue de fermer les yeux sur cette situation critique dont la solution serait de financer suffisamment le système postsecondaire.

Tom Booth, le président de l'ACPPU, prévient que les universités privées épuiseront les ressources dont a tant besoin le secteur public.

« Les universités privées pourront administrer le régime de prêts d'études de l'Ontario et seront admissibles aux subventions de recherche. Le gouvernement devrait investir dans le système public et diminuer les droits de scolarité au lieu de subventionner des universités privées. »

Les groupes étudiants sont outrés de la décision du gouvernement d'adopter le projet de loi « sans avoir sérieusement consulté la population », selon les mots de Erin George, présidente pour l'Ontario de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. Elle jure que son association luttera jusqu'au bout contre l'établissement des universités privées.

La fédération soutient que le projet du gouvernement entraînera une augmentation des coûts pour les étudiants. « Le gouvernement prétend qu'il offre des choix aux étudiants, mais, en réalité, ces choix ne s'adressent qu'aux étudiants bien nantis », ajoute Mme George.

En avril, le Conseil de l'ACPPU a adopté une résolution d'urgence qui condamnait la décision du gouvernement de l'Ontario de déposer le projet de loi 132