Arthur Haberman, lauréat du prix de l'enseignement, a exposé, dans le Bulletin de l'ACPPU de mai 1981, des stratégies claires pour créer et maintenir un milieu où les étudiants peuvent apprendre à apprécier une démarche coopérative dans le cadre de l'activité intellectuelle, de l'enseignement et de la recherche.
Il a insisté sur trois points : le respect des étudiants et de leurs idées dans les situations d'apprentissage et le respect des traditions de participation dans l'institution du savoir; ensuite, l'excitation dans l'effort commun qui crée une communauté et nous permet d'apprendre ensemble et, enfin, l'apprentissage du caractère cumulatif et constant de l'enseignement. Le respect, l'excitation et la volonté d'apprendre servent de fondement philosophique amenant nos étudiants à comprendre les principes universitaires de base et à mettre en pratique l'esprit d'équipe dans le travail universitaire.
Que pouvons-nous faire pour maintenir et établir ensemble un climat de respect, d'excitation et d'apprentissage? Quelles mesures peuvent permettre aux étudiants de mieux comprendre les principes universitaires de base et de promouvoir un climat de recherche en équipe dans un milieu enrichi? Comment pouvons-nous encourager l'esprit de coopération entre nos étudiants et nos collègues pour faciliter la création d'équipes? Bref, comment pouvons-nous réaliser les stratégies que le professeur Haberman a énoncées? Voici quelques suggestions :
Nous devons continuer à traiter les étudiants des 2e et 3e cycles (ainsi que les étudiants du 1er cycle) comme des membres de la collectivité professionnelle et en tant que partie intégrante de notre équipe dès le départ. Nous devons reconnaître que les étudiants diplômés ont besoin d'appui pour se perfectionner et se préparer à une carrière universitaire à l'amorce de celle-ci.
Il est absolument fondamental que les étudiants diplômés jouissent des mêmes droits que les autres membres de l'équipe universitaire. La liberté universitaire joue un rôle tout aussi crucial pour les étudiants que pour les universitaires. Les étudiants devraient pouvoir juger de manière éclairée l'information ou les opinions qui leur sont transmises pendant leur formation. Ils devraient avoir la liberté de se renseigner de manière critique, de discuter et de s'exprimer. Les étudiants devraient avoir la même liberté que nous de prendre part à l'action politique et nous devrions encourager cette liberté.
En faisant partie intégrante de l'équipe, on a aussi voix au chapitre dans les décisions relatives aux politiques de l'université. Tous les étudiants devraient pouvoir participer pleinement à la direction universitaire, à l'échelle des programmes, des départements, des facultés et de l'université. Les étudiants devraient pouvoir participer aux activités des associations étudiantes sans craindre les représailles. En outre, ils devraient être exempts de toute forme de discrimination et de harcèlement.
Nombre de nos étudiants diplômés sont des chercheurs ou des spécialistes de plein droit et ont déjà abondamment publié avant même d'avoir obtenu leur grade d'études supérieures. Il faudrait reconnaître et protéger leurs droits à la propriété intellectuelle. Lorsque des problèmes surviennent, ils devraient avoir accès à une procédure de recours, fondée sur la justice naturelle. Cette procédure devrait régler les différends et éliminer les injustices touchant tous les aspects de leur statut universitaire, leurs projets et leurs responsabilités.
En renforçant le statut de nos étudiants en tant que collègues, en protégeant leurs droits à la liberté universitaire et en leur faisant comprendre l'importance de participer à une direction collégiale, nous leur donnons en héritage le respect, l'excitation et l'esprit de l'apprentissage auxquels le professeur Haberman faisait référence dans son article. Alors que l'exigence du travail collectif est élevée dans notre profession, la mise en pratique de ces valeurs offre d'incomparables possibilités pour la création d'équipes très cohérentes et solides.