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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

janvier 2001

Investir plus en sciences humaines

Selon un éminent économiste, l'importance de plus en plus grande accordée aux programmes techniques des collèges et des universités ne répond pas aux besoins de l'économie canadienne.

Dans une étude rendue publique le mois dernier par le Conseil de recherches en sciences humaines, Robert Allen, économiste de l'UBC, conclut que la formation technique et les programmes de pointe sont importants. Il estime toutefois que l'accent mis de plus en plus sur le «technicisme» est trop restreint et risque de mal préparer les étudiants à l'emploi.

Il admet que la demande d'une main-d'oeuvre ayant une formation technique est en hausse, mais il ajoute que le marché du travail sollicite de plus en plus de diplômés en éducation, en sciences humaines et sociales. Selon lui, il faut orienter les ressources vers les disciplines humaines et sociales pour satisfaire aux besoins de la nouvelle économie du savoir.

L'étude, fondée sur des statistiques tirées des recensements de 1996 et 1991, montre que la demande de diplômés en sciences sociales est particulièrement élevée, ce qui va à l'encontre de l'opinion généralement répandue concernant l'importance de la formation technique. Soulignant que le taux de chômage est plus élevé chez les diplômés ayant reçu une formation technique, M. Allen met donc en doute la croyance voulant qu'une spécialisation technique garantisse un emploi.

Parce que la révolution technologique a modifié l'organisation des entreprises et des bureaucraties, il faut de plus en plus de travailleurs qui peuvent appliquer des modèles aux problèmes, qui ont de l'entregent et qui peuvent parler et écrire correctement, des compétences que les programmes de sciences humaines développent, au contraire de la formation technique, axée sur la pratique.

Malgré les bonnes perspectives d'emploi pour les étudiants en arts, l'étude révèle néanmoins un écart inquiétant de revenu entre les femmes et les hommes ayant fait des études universitaires. Le plus grand écart de revenu a été constaté en génie, un domaine où les bachelières gagnent environ 20 000 $ de moins par année que leurs collègues masculins. En sciences sociales, les femmes gagnent environ 11 500 $.

Il est faux de croire qu'une formation technique est synonyme d'un bon emploi et de salaires élevés d'après M. Allen. Dans tous les domaines, les diplômés universitaires jouissent d'un taux de chômage le plus faible, d'une meilleure situation professionnelle et d'un revenu plus élevé.

Traduit de l'article «Markets Needs Not Being Met by Tech Focus».