L'entente que la Dalhousie Faculty Association (DFA) a conclue le mois dernier crée un précédent et engage l'administration de l'université à mettre en œuvre un large éventail de politiques et méthodes pour traiter de la discrimination systémique. Le président de la DFA, Tom Faulkner, a salué cette entente et l'a qualifiée de véritable pas en avant.
Aux termes de l'entente, l'université Dalhousie est tenue de localiser les habitudes de travail des Noirs et des Autochtones, en particulier les Noirs et les Micmacs, afin de déterminer quelles personnes demeurent et lesquelles s'en vont, et pourquoi elles le font.
L'entente prévoit une formation poussée en relations interraciales pour les cadres supérieurs et les dirigeants syndicaux, pour les professeurs qui siègent aux comités d'évaluation par les pairs et pour les personnes affectées à l'étude des systèmes d'emploi.
En outre, l'entente comporte des ressources qui aideront les membres des minorités visibles à constituer des réseaux à l'université qui leur permettront de rencontrer régulièrement la direction et qui les aideront à entretenir les liens avec leur communauté à l'extérieur de l'université.
Dans le cadre de cette entente, la protection de l'indépendance de l'agent ou agente de l'équité en matière d'emploi ou du personnel ayant des responsabilités analogues est assurée. Les membres des communautés minoritaires sont tenus d'amasser des données pour les systèmes d'emploi.
L'université devra élaborer une politique complète en matière de conflit d'intérêts traitant sur le même pied les couples homosexuels et hétérosexuels, par l'entremise d'un processus ouvert de consultation dont fait partie le conseil d'université. L'entente fait en sorte que la procédure de règlement des plaintes relatives à la discrimination illicite, dont le conseil de l'équité en matière d'emploi a recommandé l'adoption pour septembre 2000, sera étendue aux étudiants de l'université. Les couples de même sexe y sont d'ailleurs considérés égaux aux couples hétérosexuels pour toutes les questions visées par la convention collective, notamment tous les avantages sociaux.
« Nous voulions plus, évidemment », a déclaré M. Faulkner. « Toutefois, la DFA a obtenu un engagement ferme de collaboration entre l'association des professeurs et l'administration sur ces questions. Jusqu'à maintenant, nous étions nettement en désaccord. »
« De plus, je m'engage personnellement, en tant que président de la DFA, à soulever les questions de liberté universitaire, de représentativité et de relations interraciales pendant les négociations collectives actuelles. »
M. Faulkner a mentionné que le chemin vers cette entente avait été semé d'embûches. « À notre meilleur, nous, les universitaires, sommes ouverts, progressistes et raisonnables. Mais les questions raciales sont au nombre de nos vilains petits secrets. »
« À l'Université Dalhousie, les membres des minorités visibles (en particulier les Noirs) et les Autochtones (en particulier les Micmacs) ne se sentent pas chez eux sur un campus qui est et demeure systématiquement dominé par la culture blanche européenne », a-t-il ajouté.
« Certaines personnes s'inclinent et acceptent que les choses changent lentement. D'autres réagissent au poids de l'oppression en partant. Pour trop d'Autochtones et de Noirs, la porte d'accueil de l'université s'est révélée être une porte tournante d'hypocrisie. Nous espérons que cette entente sera un pas en avant vers l'élimination de ces réalités historiques. »
Pour M. Faulkner, les négociations qui ont mené à l'entente ont été difficiles. « Un passé de conflits et de méfiance pendait au-dessus des réunions entre l'administration et la DFA. J'estime cependant que chaque partie a reconnu l'urgence d'aborder les relations interraciales à l'université d'un angle nouveau », a-t-il soutenu.
« Je n'exagère pas en disant à quel point les ressources et les conseils de l'ACPPU ont été utiles, du début à la fin », a ajouté M. Faulkner. « L'administration a d'ailleurs demandé qu'il soit précisé dans l'entente définitive que l'ACPPU devrait être consultée pour la conception de programmes de formation sur des questions d'équité à l'université au cours des deux prochaines années au moins. »
Dans un rapport exposant le résultat du processus, M. Faulkner a dit espérer que les fissures apparues au sein des communautés minoritaires du campus à la suite de la controverse sur cette affaire se refermeront et qu'une solidarité franche et renouvelée naîtra à la place en vue de mettre en œuvre les réformes structurelles obtenues. « J'espère également que la collectivité de Dalhousie tirera une leçon judicieuse du passé pour améliorer véritablement, en temps réel, le rôle que jouent les races dans notre vie courante », a-t-il conclu.