Pour la troisième fois de suite, les Libéraux de Jean Chrétien seront à la tête d'un gouvernement majoritaire. Ils ont réussi l'exploit en raflant l'Ontario et en reprenant quelques sièges dans les provinces de l'Atlantique et au Québec. Cette victoire laisse cependant le Canada nettement divisé en fonction de régions et n'accorde pas aux Libéraux un mandat clair.
« La campagne n'a été définie par aucun enjeu qui aurait donné aux Libéraux un mandat de l'électorat », a déclaré le président de l'ACPPU, Tom Booth. « La campagne a été dominée par le dénigrement et les attaques personnelles et n'a donné lieu qu'à peu de véritables discussions sur les préoccupations que la population canadienne voulait voir aborder par le prochain gouvernement. »
Dans les provinces de l'Atlantique, les Libéraux ont fait bien meilleure figure qu'en 1997 et ont causé des surprises au Québec, en arrachant des sièges au Bloc Québécois. En Ontario, les Libéraux ont assis leur suprématie en remportant 100 des 103 circonscriptions.
Dans les provinces de l'Ouest, l'Alliance canadienne a renforcé ses appuis en faisant des gains en Saskatchewan et en Colombie-Britannique. Le parti n'a toutefois pas réussi à faire la percée espérée en Ontario. Après deux ans d'efforts pour se démarquer de l'ancien Parti réformiste, l'Alliance canadienne a essuyé une rebuffade de la part de l'électorat ontarien qui ne lui a accordé que deux sièges.
Malgré les gains prédits par les sondages en toute fin de campagne, les Progressistes Conservateurs n'ont réussi qu'à conserver 12 comtés, juste assez pour maintenir leur statut de parti officiel à la Chambre des communes. Le Nouveau parti démocratique a accusé des pertes dans la région atlantique mais s'est tout de même accroché à 13 sièges.
M. Booth a fait remarquer que la faible participation de l'électorat, presque un record, est un signe que les Libéraux auront peut-être besoin de la prochaine session parlementaire pour rejoindre les Canadiens et les Canadiennes qui se sont sentis privés de leurs droits politiques.
« À mon avis, pour bon nombre d'électeurs et d'électrices, ces élections étaient inutiles et offraient peu de débats sur leurs préoccupations », a ajouté M. Booth. « Les deux principaux partis ont beaucoup parlé de réductions d'impôt mais les sondages ont constamment révélé que la plupart des Canadiens et Canadiennes souhaitaient des mesures concrètes dans les domaines de la santé et de l'éducation, ce qui a probablement rebuté pas mal de gens. »
Lors de la première semaine de la campagne électorale, l'ACPPU a rendu public un sondage révélant que 51 p. 100 de la population canadienne estimaient que le gouvernement fédéral devait consacrer en priorité les surplus à la hausse du financement de la santé et de l'éducation. Par contraste, seulement 21 p. 100 étaient en faveur de réductions d'impôt.