Le discours du Trône, ouvrant la première session de la 37e Législature, a été prononcé à la fin de janvier. Le gouvernement s'est engagé à mieux cibler ses investissements dans la recherche universitaire. Toutefois, l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université prévient que les mesures annoncées compromettront l'intégrité et l'indépendance des universités vouées à la recherche.
« En associant directement le financement de la recherche aux priorités de l'industrie, on se trouve à transformer les universités en usines de recherche pour le secteur privé », déclare le président de l'ACPPU, Tom Booth. « Ce n'est pas à l'avantage de la science. D'importantes recherches, qui ne rapporteront pas de profits à court terme, seront marginalisées. Les priorités de la commercialisation risquent de mettre en péril la recherche qui a une grande valeur au point de vue socio-culturel mais qui n'est peut-être pas lucrative, et d'encourager la recherche qui est rentable mais qui est peut-être sans valeur. »
L'année dernière, le président de l'ACPPU a remis au premier ministre une lettre signée par plus de 1 400 chercheurs de pointe au Canada, le mettant en garde contre la commercialisation grandissante de la recherche universitaire, proposée par un groupe d'experts du gouvernement, qui entraverait la progression de nouvelles découvertes et minerait l'indépendance des chercheurs.
M. Booth ajoute que l'accroissement du financement de la recherche, bien qu'il soit nécessaire, doit s'accompagner d'une augmentation des subventions de fonctionnement de base pour mieux répondre aux besoins des universités et des collèges.
« L'orientation des crédits vers le même objectif est un problème car ils aboutiront, en majorité, dans les goussets d'une poignée d'universités, les plus riches et à fort coefficient de recherche », explique M. Booth. « Les établissements plus petits, régionaux, axés sur l'enseignement et n'offrant que le premier cycle, accuseront encore plus de retard. »
M. Booth estime que le gouvernement fédéral aurait dû s'engager à collaborer avec les provinces pour augmenter le financement de toutes les universités afin qu'elles puissent mieux aider les étudiants en investissant dans l'enseignement et en maintenant les droits de scolarité à un niveau plus abordable.
Le financement public réel des grandes universités de recherche a diminué d'environ 9 p. 100 depuis 1992, et de plus de 15 p. 100 pour les établissements du premier cycle.
M. Booth critique en outre l'intention du gouvernement de créer le Régime enregistré d'apprentissage personnel qui incite les Canadiens et les Canadiennes à économiser leur argent qu'ils pourront ensuite retirer pour suivre des programmes de formation publics ou privés.
« C'est la pire façon de répondre aux besoins en formation des Canadiens et Canadiennes », soutient-il. « Les personnes qui ont le plus besoin de formation, soit les chômeurs et les gagne-petit, sont celles qui peuvent le moins investir dans un régime d'apprentissage. »