Selon le deuxième rapport annuel publié en janvier par le Centre canadien de politiques alternatives, la mosaïque des politiques provinciales crée un énorme déséquilibre des possibilités d'éducation au Canada.
Les auteures du rapport, Erika Shaker et Denise Doherty-Delorme, estiment que les compressions budgétaires effectuées par les gouvernements fédéral et provinciaux accentuent l'iniquité entre les provinces et les établissements d'enseignement.
« Selon le degré d'engagement du gouvernement provincial, les études supérieures sont en train de passer, dans bien des provinces, d'un droit de citoyenneté fondamental à un privilège dont jouissent principalement les membres des groupes à revenu élevé », concluent les auteures.
Chaque année, le rapport du Centre, un groupe d'analystes indépendant situé à Ottawa, classe les provinces selon des indicateurs qui mesurent leur degré d'engagement global, au titre de l'enseignement postsecondaire, dans quatre catégories, soit l'équité, l'accessibilité, la qualité et la responsabilité envers le public.
« Un certain nombre de problèmes ne sont pas suffisamment discutés lorsqu'on examine la situation de l'enseignement postsecondaire au pays, et c'est ce qui nous préoccupe », explique Mme Shaker.
La Colombie-Britannique, le Québec et le Manitoba ont obtenu le meilleur rendement global en raison des efforts faits par ces provinces pour maintenir abordable le prix des études postsecondaires, estiment les auteures.
Le Manitoba est la province qui a connu l'amélioration la plus marquée depuis l'année dernière, passant du sixième au troisième rangs, principalement à cause de la réduction des droits de scolarité et de l'augmentation des dépenses provinciales.
Par contre, l'Ontario s'est de nouveau classée au dernier rang. De nouvelles majorations des droits de scolarité et le fait que la province confie à des intérêts privés sa responsabilité envers le public sont les principales raisons du piètre rendement de l'Ontario.
L'Ontario détient, après la Nouvelle-Écosse, le deuxième rang pour les droits de scolarité les plus élevés au Canada et a le rapport étudiants-professeur le plus élevé.
« Il est frappant de constater que les étudiants supportent une large part du coût de leurs études », poursuit Mme Shaker. « La hausse des droits de scolarité est manifestement un facteur très important pour déterminer les classements. »
En outre, le classement de l'Alberta et du Nouveau-Brunswick a baissé, passant respectivement du cinquième au huitième rangs et du troisième au sixième rangs. Les droits de scolarité de l'Alberta arrivent au troisième rang parmi les plus élevés au pays, une hausse de plus de 200 p. 100 depuis 1990.
Il est possible de consulter le rapport Provincial Rankings: Where do the Provinces Stand on Education? à l'adresse Internet www.policyalternatives.ca.