Dans le but d'attirer des universitaires étrangers spécialisés en technologie de l'information, en génie, en sciences de la santé et en finances, le gouvernement du Québec leur offre un congé fiscal de cinq ans afin qu'ils acceptent des postes dans les universités de la province.
Des représentants officiels du gouvernement prétendent que cet encouragement fiscal est nécessaire pour aider les universités à recruter des professeurs et pour mettre un frein au prétendu exode des cerveaux.
Le projet a toutefois été annoncé le même jour que la publication d'un nouveau rapport mettant en doute le lien entre les niveaux d'imposition et le départ vers les États-Unis de Canadiens et Canadiennes très instruits et qualifiés.
Selon Ross Finnie, chercheur et professeur auxiliaire à l'école d'études politiques de l'Université Queen's, il est faut de prétendre que des masses de Canadiens et Canadiennes quittent le pays.
L'étude de M. Finnie, The Brain Drain, Myth & Reality -- What It Is & What Should Be Done, révèle une perte nette de personnel infirmier et de membres du corps professoral du secteur postsecondaire au profit des États-Unis. Le chercheur conclut cependant que l'attrait d'impôts réduits est un mythe.
M. Finnie estime que le véritable problème tient au manque de perspectives d'emploi au Canada en raison des coupes sombres effectuées dans la santé et l'éducation.
« Nous avons sabré les dépenses publiques, quelques-uns de nos plus brillants concitoyens sont partis », explique-t-il. « Il ne faudrait donc pas trop se surprendre de la situation actuelle. »
Le président de l'ACPPU, Tom Booth, est critique face au projet du gouvernement du Québec et soutient que ce dernier aurait plutôt avantage à accroître le financement de base des universités et collèges.
« Si vous souhaitez vraiment attirer des personnes de qualité dans vos universités, vous ne le faites pas en leur accordant un allégement fiscal », ajoute-t-il. « Il est un peu insensé de permettre à des professeurs étrangers d'avoir en poche quelques dollars de plus si le nombre d'étudiants par classe augmente, les installations de recherche sont en mauvais état et les conditions de travail se détériorent. »
M. Booth s'inquiète également du fait que le congé fiscal s'applique seulement aux universitaires étrangers et aux chercheurs canadiens émigrés.
« Je suis préoccupé par le message que ce projet transmet à nos collègues et aux nouveaux diplômés du doctorat qui n'auront pas droit à ce traitement spécial parce qu'ils sont demeurés au Canada », poursuit M. Booth. « Est-ce que cela veut dire qu'ils sont de deuxième ordre? »
Selon des porte-parole du gouvernement québécois, l'encouragement fiscal aidera les universités à recruter 1 000 professeurs au cours des cinq prochaines années, un chiffre exagérément optimiste, selon M. Booth.