Dans ma chronique du numéro de septembre, je laisse entendre que les négociations de l'AGCS, appliquées à l'éducation, entraîneront le démantèlement de nos activités d'enseignement et de recherche. Fondée sur les principes du savoir, notre profession sera dégroupée et ses éléments seront classés dans la catégorie des services commerciaux.
Tout ce que nous avons accompli au sein des universités sera refait. Nous serons les témoins de cette reconstruction : les établissements d'enseignement étrangers s'installeront librement, la participation du public aux affaires universitaires sera limitée, les universités perdront la maîtrise de l'agrément, et les programmes d'aide financière aux étudiants ainsi que le soutien de la recherche seront dilués.
Le ministre du Commerce international, Pierre Pettigrew, a récemment fait part de l'intention du Canada d'exporter les services éducatifs par l'entremise des négociations de l'AGCS tout en fermant notre marché aux pays étrangers voulant pénétrer le secteur de l'enseignement.
En réalité, les conseillers principaux de l'OMC estiment que les négociateurs du gouvernement canadien ne pourront pas protéger les services éducatifs nationaux tout en pénétrant les marchés étrangers de l'enseignement. Nous avons donc raison de sérieusement nous inquiéter.
Les méthodes d'embauchage des résidents, l'agrément, la participation du public, l'intégrité des établissements d'enseignement et les accords financiers soutenant le savoir sont non seulement menacés, mais, si l'AGCS devait s'appliquer entièrement, les moyens possibles d'attaquer la direction universitaire soulèvent aussi de sérieuses questions.
Lors d'une communication livrée à la National Education Association, Carolyn Allport, présidente du National Tertiary Education Union (Australie), a reconnu plusieurs problèmes découlant de l'accès illimité accordé aux intérêts étrangers.
L'intégration à l'université d'entités associées ayant accès au budget interne a accompagné l'abaissement des barrières commerciales. Ces entités reçoivent peu ou pas d'attention de la part des organes directeurs de l'université. En outre, des universités privées jumelles dépourvues des structures de direction collégiales plus larges des universités publiques ont été créées.
Selon Mme Allport, l'inclusion d'entités associées ou la création d'entreprises privées parallèles éloignent les éléments des activités universitaires du cadre de réglementation et de la direction collégiale. Elle se demande si les organes décisionnels de l'université publique ont voix au chapitre dans les décisions et les activités de la partie privée de l'université.
Placée dans le contexte canadien, ces tendances représentent un danger. Dileep Athaide, président de la Capilano College Faculty Association, admet que nous devons vraiment veiller à ne pas céder au mythe de la pénétration des marchés étrangers pour nos fournisseurs de services éducatifs tout en protégeant le système public canadien.
Compte tenu des déclarations du ministre du Commerce international, Pierre Pettigrew, et des tendances actuelles, nous sommes convaincus que la position du Canada dans les négociations de l'AGCS mettra en péril notre système d'enseignement public. L'ACPPU fera tout en son pouvoir pour amener le gouvernement à modifier sa position avant la signature d'un accord.
Traduit de l'article "Decoding the Educational Services Negotiations"