Le projet de zone de libre-échange des Amériques pourrait menacer l'éducation publique. Voilà la conclusion qu'ont entendu les délégués à un forum organisé dans le cadre du Sommet des peuples le mois dernier, à Québec, en marge du Sommet officiel des Amériques.
Parrainé par la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants (FCEE), le Forum continental sur l'éducation a réuni plus de 200 délégués représentant des étudiants et des éducateurs de tous les pays des Amériques.
« mays il y en a qui tentent d'introduire l'éducation dans les accords commerciaux internationaux », a prévenu la présidente de la FCEE, Marilies Rettig, dans l'allocution qu'elle a prononcée à l'ouverture du Forum. « Ce sont les multinationales qui voient en l'éducation la dernière limite marchande et économique -- un débouché de trois billions de dollars. La préoccupation centrale de ces grandes entreprises, ce n'est pas d'accroître les occasions d'apprentissage des enfants, des jeunes et des adultes; les multinationales ne visent qu'un résultat : créer un environnement propre à maximiser leurs profits. »
Monique Richard, présidente de la CSQ, a enjoint les délégués de condamner toutes les tentatives d'inclusion de l'éducation dans le projet de la ZLÉA.
« Nous devons envoyer aux chefs d'État des Amériques un message fort et uni selon lequel l'éducation ne doit jamays être assujettie aux règles du marché, ni faire partie d'accords commerciaux internationaux », a déclaré Mme Richard. « L'éducation est un droit qui doit être accessible à tous les enfants, à tous les jeunes et à tous les adultes du continent et du monde. »
Les délégués au Forum ont convenu d'une déclaration finale dans laquelle ils affirment que l'éducation devrait être un service public et non pas une « marchandise ».
« Nous proclamons qu'une éducation intégrale de qualité doit former des personnes libres et critiques, des citoyennes et citoyens actifs et engagés, respectueux de la diversité et des droits humayns, ouverts sur le monde, soucieux de l'avenir de la planète et du développement durable », peut-on lire dans la déclaration. « Nous luttons pour une éducation publique gratuite et de qualité, qui soit pleinement accessible à tous les niveaux et tout au long de la vie. »
Le ministre du Commerce international du Canada, Pierre Pettigrew, a déclaré aux journalistes, à Québec, que son gouvernement n'ouvrirait pas le marché de l'enseignement public à la ZLÉA. Il a cependant ajouté que le Canada tenterait d'obtenir des autres gouvernements des engagements d'ouverture de leur marché de l'éducation.
Présent au Sommet des peuples, Tom Booth, président de l'ACPPU, a qualifié de naïve cette stratégie de négociation. « Je ne vois pas comment vous pouvez persister à dire aux Américains, aux Mexicains ou aux Brésiliens que vous voulez avoir accès à leur système d'éducation tout en leur interdisant de pénétrer le nôtre », a soutenu M. Booth. « En théorie, vous pourriez réussir pendant un certain temps mays d'autres pays finiront par demander d'avoir droit aux mêmes avantages. Il sera alors très difficile pour le Canada de garder fermé l'accès à son système d'éducation. »
Le Sommet des peuples s'est terminé par des marches et des manifestations contre la ZLÉA, ainsi que par des protestations près du périmètre de sécurité, haut de trois mètres, érigé autour du centre de la vieille ville. Plus de 450 manifestants ont été arrêtés et, d'après un nombre croissant de rapports, les libertés civiles des personnes détenues par la police auraient été sérieusement violées.
Lors de l'assemblée d'avril du Conseil, l'ACPPU a adopté une résolution condamnant le gouvernement et la police pour avoir violé les droits des manifestants et chargeant le Comité de direction de faire un don au collectif juridique du Québec, un groupe de défense des personnes arrêtées à Québec. À une réunion tenue après l'assemblée du Conseil, le Comité de direction a convenu de donner 5 000 $ au collectif, somme que la Caisse de défense des libertés civiles de l'ACPPU égalera, du même montant. Le Conseil a en outre fortement recommandé aux associations locales de faire un don au collectif pour garantir que les droits légaux ne soient pas bafoués.