Dalton Camp a écrit dans l'édition du 1er avril 2001 du Toronto Star : « À la veille du Sommet des Amériques de Québec, se tiendra aussi le Sommet des peuples. Apparemment, le premier a trait au commerce, à l'ouverture des frontières commerciales, et fait partie du projet visant à livrer la planète à l'emprise des grandes sociétés. L'autre sommet, pourrait-on dire, a lieu dans le but de faire de la planète un lieu sûr pour les peuples. » Dans le contexte de la concentration du pouvoir des grandes sociétés et de la protection de cette puissance contre la démocratie, M. Camp ajoute : « La démocratie a continué de s'étendre, mais le pouvoir des grandes sociétés est en train de l'étouffer, sinon de l'assujettir. »
L'un des impératifs de l'assujettissement de la démocratie consiste à diminuer l'influence du secteur public en sabrant dans les secteurs publics telle l'éducation.
Pendant que les chefs d'État et de gouvernement des Amériques se réunissaient pour discuter de la Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), des délégués de différents pays du continent se sont rassemblés à l'occasion du Forum continental sur l'éducation au deuxième Sommet des peuples des Amériques, à Québec. Les délégués au forum ont discuté de divers exemples de libre-échange ayant des répercussions sur les étudiants et les enseignants sur tout le continent.
Ils se sont penchés sur l'ingérence des grandes sociétés, de la privatisation, de la réduction de l'accessibilité et de la discrimination à l'égard des femmes dans le domaine de l'éducation.
Tous les peuples, d'un bout à l'autre des Amériques, ont fait part de leurs préoccupations communes quant à l'échec des gouvernements de maintenir, encore moins de promouvoir, des établissements d'enseignement humains, fonctionnels et d'une intégrité structurelle, au refus de ceux-ci d'accepter leurs responsabilités en matière d'éducation ou à leur dénigrement total des services éducatifs, enfin, à leur échec d'offrir l'égalité des chances en éducation. Les délégués ont proposé des solutions de rechange à la tendance à traiter l'enseignement, l'apprentissage et la quête du savoir uniquement comme des « services commerciaux ».
Sur tout le continent des Amériques, les compressions dans le secteur de l'éducation, la décentralisation, la privatisation, la commercialisation et le contrôle concomitant accru par les grandes sociétés ont gravement détérioré les conditions d'enseignement et d'apprentissage. Ces conditions montrent clairement à quel point il importe d'agir pour démocratiser l'éducation en Amérique.
Dans un rapport sur les conséquences de la ZLEA, intitulé À l'intérieur de la forteresse : les enjeux des négociations sur la ZLEA, l'auteur, Marc Lee du Centre canadien de politiques alternatives, a déclaré : « En somme, l'enjeu, c'est la capacité de la population de faire des choix démocratiques au sujet de la structure de son économie et de sa société ».
L'ambassadeur du Canada auprès de l'Organisation mondiale du commerce et président du Conseil du commerce des services de l'OMC a déclaré : « Et parce que l'éducation est une industrie, nous devons l'assujettir à la même discipline et adopter à son égard les mêmes approches que pour nos industries plus traditionnelles ».
C'est par l'action, en défendant l'enseignement public et en s'engageant à promouvoir la direction collégiale et la liberté universitaire, que l'ACPPU joue un rôle de premier plan dans la transformation démocratique de l'éducation d'un bout à l'autre des Amériques. C'est le moins que l'on puisse faire pour vivre sur un continent juste et humanitaire