Les étudiants de l'Ontario s'inquiètent de la possibilité que le gouvernement déréglemente les frais de scolarité au premier cycle dans au moins une université de la province.
Les partis de l'opposition à l'assemblée législative ont révélé que des représentants de l'Université Queen's avaient rencontré des hauts fonctionnaires du bureau de Mike Harris dans le but d'obtenir la déréglementation des frais de scolarité au premier cycle, en arts et en science. Si cette demande est approuvée, le gouvernement ne fixera plus de limite à la hausse annuelle des frais de scolarité que l'Université Queen's pourra imposer, ce qui soulève la possibilité de frais beaucoup plus élevés à l'avenir.
« L'accès aux études postsecondaires en Ontario est déjà compromis », a déclaré Jo‘l Duff, président pour l'Ontario de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants. « Une hausse des frais de scolarité à l'Université Queen's aura un effet dévastateur sur les étudiants à faible et à moyen revenu. »
Le projet de déréglementation des frais de scolarité au premier cycle a déclenché un tollé de protestation à l'université. Les étudiants et les professeurs ont organisé plusieurs manifestations pour faire entendre leur opposition au projet. L'année dernière, les étudiants ont voté massivement contre la déréglementation à l'occasion d'un référendum mis en oeuvre par la Arts and Science Undergraduate Society. De plus, le conseil de la Queen's University Faculty Association a récemment adopté une motion s'opposant à la déréglementation des frais de scolarité.
D'après la résolution, la QUFA s'opposera à tout projet de privatisation d'autres programmes d'études de l'université et à la déréglementation des frais de scolarité qui alourdira le fardeau financier des étudiants et diminuera encore plus l'accessibilité.
M. Duff estime que les étudiants de Ontario font front commun pour s'opposer à la déréglementation parce que la province est la deuxième au pays où les frais de scolarité sont les plus élevés. Il a ajouté que le sous-financement permanent de l'enseignement postsecondaire par le gouvernement provincial est le véritable problème. En effet, la province arrive bonne dernière quant aux dépenses par habitant dans ce secteur.
Marie Bountrogianni, la critique libérale pour les collèges et les universités a violemment attaqué le gouvernement pour avoir même songé à déréglementer les frais de scolarité.
« Nous savons ce qui se produit lorsque les frais de scolarité sont déréglementés. Depuis leur déréglementation en 1998, les frais de scolarité des écoles de médecine ont doublé », a-t-elle fait remarquer.
Des groupes d'étudiants s'inquiètent également que l'Université de Toronto envisage de porter à 25 000 $ par année les frais de scolarité de la faculté de droit.
« De plus en plus, les portes de nos facultés de droits se ferment en raison de la montée en flèche des frais de scolarité », a dit Rebecca Jaremko-Bromwich, étudiante en droit à l'Université Queen's.
La Fédération canadienne des étudiantes et étudiants prévoit une journée d'action provinciale le 6 février dans l'intention de revendiquer le gel des frais de scolarité