Les universités et les collèges du Canada doivent en faire plus pour susciter la participation des groupes défavorisés ont soutenu des participants lors d'audiences publiques organisées par l'ACPPU le mois dernier à Winnipeg.
Rob Marriott, un étudiant métis et coordonnateur du collectif des lesbiennes, des homosexuels, des bisexuels et des non-conformistes sexuels de l'Université de Winnipeg, a décrit les difficultés auxquelles se heurtent les étudiants autochtones.
" Les peuples autochtones font face à bien des choses différentes à l'université, a t-il expliqué, notamment le racisme, le choc culturel et le fait d'être considérés comme les " spécialistes " des questions autochtones parce qu'ils sont les seuls autochtones de la classe ".
Il a ajouté que l'aide financière insuffisante demeurait le problème le plus grave des étudiants autochtones.
" L'éducation est un droit découlant des traités des peuples des Premières nations, mais le gouvernement fédéral ne respecte pas ses responsabilités. Les listes d'attente sont longues pour l'aide financière. "
Barry Hammond, du centre de pédagogie Grove Street, à Winnipeg, a suggéré plusieurs façons permettant aux universités de mieux assurer la réussite des étudiants autochtones.
" Il faudrait équilibrer les frais de scolarité en fonction du revenu social des collectivités dont sont issus les étudiants ", a recommandé M. Hammond. " Il faudrait aussi concevoir de plus petits campus puisque peu d'autochtones peuvent réussir dans un milieu comptant plus de 20 000 autres apprenants. Bien entendu, il faudrait diversifier le personnel pour qu'il représente mieux les autochtones et d'autres groupes minoritaires ".
Amanda Aziz et Lisa Stepnuk, du Womyn's Centre de l'Université du Manitoba, ont déclaré que des inégalités persistaient même si plus de femmes qu'avant fréquentaient les universités et les collèges.
" Le Manitoba détient le record des décrocheuses du secondaire au pays ", a souligné Mme Aziz. " Nombre de ces jeunes femmes sont mères et une grande proportion est autochtone. Si ces femmes abandonnent l'école secondaire, la plupart ne réussiront jamais à se rendre au collège ou à l'université. "
" Quant à celles qui réussissent à le faire, elles doivent également supporter une atmosphère systématiquement sexiste et restrictive ", a déclaré Mme Stepnuk. " Les professeurs et les doyens masculins sont majoritaires dans la plupart des départements. L'instruction que nous recevons est presque entièrement d'un point de vue masculin. De plus, la grande majorité des membres du corps professoral sont blancs, ce qui ne fait qu'aggraver les problèmes.
Des portes fermées
Larissa Ashdown, présidente de l'association étudiante de l'Université de Winnipeg, a fait valoir que des frais de scolarité plus élevés fermaient les portes de l'enseignement postsecondaire à de nombreux étudiants qualifiés.
" Des données récentes laissent entendre qu'il existe un lien direct entre le financement et l'accessibilité. Nous soupçonnons aussi que les taux de décrochage des établissements d'enseignement postsecondaire sont élevés et inquiétants, ce qui est en grande partie attribuable au fardeau financier excessif que doivent porter les étudiants et leur famille. "
Des représentants des associations de professeurs des universités de Saint-Boniface, de Winnipeg et du Manitoba ont également participé aux audiences.
Ranjan Roy, président de l'association des professeurs de l'Université du Manitoba, a déclaré que les universités canadiennes, encouragées par les gouvernements, étaient en train de modifier les priorités en s'écartant des programmes traditionnels d'arts libéraux pour se rapprocher de programmes davantage axés sur le marché, par exemple les sciences informatiques et l'administration des affaires.
" Depuis quelques années, l'embauche à mon université a suivi le rythme, et l'a même dépassé, des démissions et des départs à la retraite des collègues. La faculté des arts a toutefois accusé une perte nette car les départements d'anglais, de français, d'espagnol, d'italien, d'histoire, de psychologie et de sociologie ont subi des coupes sombres. Dernièrement, la somme de 800 000 $, puisée dans le budget de la faculté des arts, a été versée au fonds d'initiatives stratégiques dont l'administration a la maîtrise et qui sert à financer des programmes plus lucratifs et plus en vue. "
Des représentants d'un certain nombre d'organismes communautaires ont assisté aux audiences et ont recommandé aux universités et aux collèges de tisser de meilleurs liens avec la collectivité locale.
" En tant qu'établissements d'enseignement, les universités ne sont tout simplement pas pertinentes pour la collectivité avec laquelle je travaille " a déclaré Marty Dolin, directeur général du Conseil multiconfessionnel d'aide à l'établissement des immigrants au Manitoba. " Les membres de la collectivité estiment que les universités sont isolées et ne sont pas pertinentes pour la communauté autochtone, les communautés ethniques canadiennes et la classe ouvrière parce qu'elles ne leur sont pas accessibles. "