L'ACPPU et l'Association des professeurs de l'Université Laurentienne ont organisé des audiences publiques qui ont duré toute la journée du 28 février et ont porté sur l'avenir de l'enseignement postsecondaire dans la communauté.
Jean-Charles Cachon, président de l'association des professeurs, a souligné que l'importante population francophone de la région a particulièrement souffert des réductions des dépenses au titre de l'éducation, et a indiqué que les progrès accomplis dans les années 1980 et au début des années 1990 s'estompent maintenant parce que le gouvernement provincial ne finance pas suffisamment les programmes collégiaux et universitaires francophones.
" La fermeture récente du Collège des Grands Lacs est un bon exemple, a-t-il expliqué. L'échec de cet établissement francophone n'est pas dû à la pénurie d'étudiantes et d'étudiants intéressés mais à l'insuffisance des fonds versés par les gouvernements fédéral et provincial. C'est toute la communauté francophone qui a subi un échec. "
Aurèle Tellier, président du Conseil scolaire du district du Grand Nord de l'Ontario, a convenu que l'enseignement en langue française est confronté à des défis énormes dans la province.
" La combinaison du sous-financement de nos collèges et universités, la hausse des frais de scolarité, et les taxes scolaires qui sont au-dessous de la moyenne provinciale dans notre région ont créé une situation fort peu enviable pour les francophones du Nord de l'Ontario ", a-t-il déclaré. " Nous pensons néanmoins que notre population étudiante a le droit de recevoir une éducation postsecondaire dans sa langue maternelle. Elle a le droit de demander que les établissements d'enseignement postsecondaire offrent des programmes en langue française financés équitablement ".
Des étudiantes et étudiants ont aussi témoigné et ont décrit les difficultés financières que les frais de scolarité élevés entraînent.
" Je vais avoir beaucoup de mal à rembourser mes emprunts qui totalisent environ 25 000 $ en ce moment, a dit Sophie Gauthier, de l'Association des étudiants francophones. L'éducation n'est pas réellement accessible aux personnes à revenu faible ou moyen. À mon avis, l'éducation est de plus en plus à la portée des gens riches. "
Michael Page, agent de district de la Fédération des enseignantes-enseignants des écoles secondaires de l'Ontario, a prédit que les graves compressions imposées au réseau des écoles secondaires de la province auront des répercussions sur le système d'enseignement postsecondaire dans quelques années.
" La formule de financement des écoles secondaires de l'Ontario, et particulièrement du Nord de l'Ontario, a eu des effets dévastateurs sur la qualité de l'éducation offerte dans notre province, a-t-il affirmé. Cette formule aura des conséquences sur les collèges et universités qui n'ont pas encore eu le temps de se préparer pour accueillir les diplômées et diplômés du nouveau programme d'études, sans parler du manque d'uniformité dans lequel il a été offert aux élèves de la province. "
La présidente du Conseil du travail du district de Sudbury, Sandy Bass, a elle aussi blâmé le gouvernement provincial conservateur pour " avoir semé la zizanie " dans tout le système d'éducation de l'Ontario. " Le programme des Conservateurs est clair, a-t-elle soutenu. Ils veulent privatiser de plus en plus le système d'éducation de cette province et créer des occasions profitables pour leurs amis du secteur commercial ".
David Robinson, professeur d'économie à la Laurentienne, a affirmé que le gouvernement provincial doit dépenser plus d'argent à tous les paliers de l'éducation en prévision du vieillissement de la population.
" Les dépenses en éducation, surtout en enseignement supérieur, améliorent la situation des retraités actuels et futurs, a-t-il poursuivi. Ces dépenses sont aujourd'hui aussi essentielles que l'investissement dans les régimes de pension. Quand nous investissons dans l'éducation des jeunes, nous accroissons le capital humain et vivons ensuite du rendement de ce capital. "
M. Robinson a aussi dit que les gouvernements du Canada ont " misérablement échoué " en ne reconnaissant pas qu'il est important d'accroître les dépenses au titre de l'éducation, et a recommandé que le gouvernement fédéral joue un rôle de premier ordre dans le financement des universités et collèges.
" Il serait tout à fait logique que le gouvernement fédéral investisse dans l'enseignement supérieur en payant tous les coûts des étudiants en échange d'une hausse modeste de l'impôt sur le revenu. Pourquoi, après tout, les contribuables de la Saskatchewan devraient payer l'éducation d'étudiants qui déménagent en Ontario et paient des impôts à Jim Flaherty (ministre des Finances de l'Ontario)? "