Faute de fonds publics, jusqu'à 2 000 autochtones de la Saskatchewan qui souhaitent poursuivre des études collégiales ou universitaires n'y ont pas accès selon la Fédération des Indiens de la Saskatchewan.
Prenant la parole aux audiences publiques sur l'enseignement postsecondaire organisées à Regina le mois dernier par l'ACPPU, Danette Starr-Spaeth, directrice générale intérimaire du secrétariat de l'éducation et de la formation de la fédération, a déclaré que le Programme de soutien aux étudiants du niveau postsecondaire administré par le ministère des Affaires indiennes et du Nord n'offre qu'une aide financière limitée aux étudiants des Premières nations.
" Nous avons un besoin impérieux de ressources supplémentaires pour l'enseignement postsecondaire. Les augmentations annuelles sont trop minimes et ne reflètent pas la demande accrue. L'année dernière, le financement n'a connu aucune hausse. Les prêts aux étudiants sont un problème pour les jeunes des Premières nations et nous sommes réticents à en faire la promotion ", a-t-elle ajouté.
Mme Starr-Spaeth a également souligné que les hausses de frais de scolarité, en particulier pour les programmes professionnels, exercent davantage de pression sur les fonds déjà restreints offerts aux étudiants autochtones.
" Le mode de financement utilisé pour le programme de soutien aux étudiants n'est pas adapté aux coûts élevés des programmes ", a-t-elle conclu.
Les représentants étudiants qui ont assisté aux audiences ont décrit l'énorme fardeau financier qu'ils doivent supporter et qui découragent certains jeunes de poursuivre des études collégiales et universitaires.
" Quelqu'un m'a demandé récemment si nous arrivions au point où une personne apte à entrer à l'université ne pouvait le faire à cause des coûts. J'ai répondu sans détour que nous avions dépassé ce point et que la situation devait changer " a déclaré Derek Burt de l'association étudiante de l'Université de Regina.
Sam Sankaran, président de l'association des professeurs de l'Université de Regina, a convenu que l'accès aux études postsecondaires était menacé.
" À cause de l'insuffisance des fonds publics, seules les personnes qui ont les moyens de payer des frais de scolarité plus élevés ont accès à des études supérieures ", a-t-il déclaré.
M. Sankaran a ajouté que les faibles niveaux du financement public obligeaient de nombreuses universités à réduire le nombre de membres à temps plein du corps professoral et à recourir davantage aux chargés de cours.
" Combien de personnes savent que presque 25 p. 100 des cours du premier cycle sont donnés par des chargés de cours? Ces universitaires ne touchent que 4 000 $ par cours. Ils enseignent à de gros groupes, ils doivent préparer les cours, corriger les travaux et être disponibles pour les étudiants. Pourtant, ils n'ont pas droit aux avantages que la population active en général tient pour acquis ", a conclu M. Sankaran.
Sel Murray, gestionnaire des services du programme international de l'université, a accusé certains administrateurs de chercher des solutions rapides pour palier la pénurie de fonds publics. Leurs décisions ont des répercussions sur les personnes défavorisées en leur limitant l'accès aux études postsecondaires.
" Il y a un problème de représentation au sein de nos organes directeurs de sorte que l'on tient compte surtout du point de vue des personnes qui y sont représentées et qui y siègent ", a soutenu M. Murray. " Il en résulte un système d'enseignement postseondaire dont l'accès est limité et sérieusement réduit et où les défavorisés subventionnent les nantis. "
Il a également critiqué la tendance à " l'internationalisation " qu'encouragent de nombreuses universités désireuses de recruter des étudiants étrangers qui paient des frais de scolarité plus élevés.
" Le problème est que nous faisons la promotion de nos universités sur la scène internationale non pas dans le but de leur ajouter de la variété mais plutôt parce que nous pouvons y trouver de l'argent et exiger les frais les plus élevés que le marché peut soutenir ", a-t-il expliqué.
" Nous observons dans nos universités depuis quelques années une modification de la clientèle étudiante étrangère. Auparavant, les étudiants étrangers provenaient des diverses couches sociales d'un pays. Aujourd'hui, nous constatons que les étudiants étrangers sont des privilégiés et des nantis. "