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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

avril 2002

Promouvoir les rapports entre l'université et la collectivité

Le 7 mars, plus de 100 personnes se sont entassées au centre communautaire Driftwood de Toronto pour assister à un forum sur l'enseignement public organisé par l'ACPPU, l'association des professeurs de l'Université York (YUFA) et le quartier Jane-Finch de Toronto.

Animé par Paul Riley, journaliste de la télévision et de la radio, le forum a porté sur les rapports parfois difficiles entre les différentes ethnies du quartier Jane-Finch et sa voisine l'Université York.

Lennox Farrell, militant pour l'éducation et l'action communautaire, a qualifié l'université de " résidente absente " et lui a conseillé d'en faire plus pour rejoindre chez elle la communauté multiculturelle.

Le quartier Jane-Finch est très diversifié et englobe 15 communautés linguistiques, provenant d'Afrique orientale et occidentale, d'Asie méridionale et du Sud-Est, et des Caraïbes.

Selon M. Farrell, l'Université York a l'influence et les ressources nécessaires pour innover. " En montrant l'exemple, d'une manière sincère, à long terme, progressive et directe, l'université peut prendre à parti les rôles que jouent d'autres universités, collèges et établissements d'enseignement dans la province sur l'équité dans les conditions d'accès à l'éducation pour les groupes ethniques défavorisés ", a-t-il déclaré.

Roger Rowe, de l'Association canadienne des avocats noirs, a exprimé la frustration que de nombreux résidents de Jane-Finch ressentent à l'endroit de l'université.

" J'aimerais que l'université cesse de se servir de notre communauté comme sujet de discussion dans les classes " ,a demandé M. Rowe. " L'université doit participer à la communauté et agir. "

" Nous avons besoin de l'aide des professeurs et de l'université pour exposer les élèves de nos écoles à la vie universitaire et à l'idée d'obtenir une formation universitaire ", a ajouté Kevin Jacobs, un enseignant de l'école publique Firgrove.

D'autres témoins ont font remarquer que, à cause de la réduction des fonds de l'éducation publique, les élèves du quartier Jane-Finch éprouvent plus de difficulté à terminer l'école secondaire et à poursuivre leurs études au collège ou à l'université.

" Lorsque j'ai commencé à enseigner ici, il y a dix ans, la diversité des programmes que nous offrions m'a étonnée ", a déclaré Jennifer Ladouceur, enseignante à l'école secondaire Westview Centennial. " Les temps ont cependant changé. Les cours que nous offrons ne sont pas assez diversifiés pour bien répondre aux besoins de nos élèves. Le programme d'études est plus difficile et progresse plus rapidement. Les élèves sont à bout de nerfs et les enseignants sont épuisés.


Au centre comunautaire Driftwood de Toronto - Lorna Erwin, organisatrice de l'événement, et l'animateur Paul Riley

" Pour de nombreuses personnes, l'université devient inaccessible, en particulier pour les habitants de notre collectivité ", a prévenu la militante d'action communautaire Cheryl Prescod.

Elle a calculé qu'il en coûterait 100 000 $ pour envoyer ses deux enfants à l'université."

Nous ne pourrons nous permettre cette somme. Si nos enfants choisissent d'aller à l'université, ils en sortiront lourdement endettés. Avec la montée en flèche des frais de scolarité, devrions-nous encore encourager les enfants de ce quartier à viser haut et à obtenir un grade universitaire? " a-t-elle demandé.

Richard Telfer, de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, a convenu que de plus en plus de personnes n'avaient pas accès à des études postsecondaires.

" Les universités et les collèges sont tellement à court de fonds publics qu'ils doivent augmenter considérablement les frais de scolarité, ce qui a pour effet d'exclure les étudiants à faible et moyen revenu " a déclaré M. Telfer.

Paul Riley a conclu le forum en faisant part de ses préoccupations sur l'abordabilité des études postsecondaires. Il a récemment déposé une plainte concernant les droits de la personne contre les facultés de droit de l'Ontario selon laquelle des frais de scolarité élevés constitueraient de la discrimination à l'endroit des personnes à faible revenu et des groupes minoritaires.

" Depuis la déréglementation des frais de scolarité décrétée par le gouvernement provincial, les écoles professionnelles ont tellement augmenté leurs frais de scolarité, que dans cinq ou dix ans à mon avis, il n'y aura plus de médecins, de dentistes, d'avocats et de chiropraticiens noirs ", a soutenu M. Riley. " Très peu de Noirs peuvent se permettre de payer 20 000 $ par année pour envoyer leurs enfants à l'école. "

Les organisateurs du forum se sont félicités de l'intérêt et de la participation des résidents du quartier.

" Le forum avait pour but de favoriser le dialogue entre les professeurs et la collectivité sur l'accès à l'éducation et sur sa qualité ", a expliqué Lorna Erwin, organisatrice de l'événement pour la YUFA.

" J'espère que le dialogue que nous avons entamé ce soir se poursuivra et se concentrera sur la manière dont les univer-sités, les écoles et les résidents peuvent collaborer pour assurer au quartier Jane-Finch une meilleure éducation et un meilleur accès à l'éducation ."