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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

octobre 2002

Déclaration de l'ACPPU sur la liberté d'expression

La ligne de partage au Moyen-Orient, complexe et acrimonieuse, s'étend aux campus universitaires d'Amérique du Nord, soulevant de graves questions au sujet de la liberté universitaire et de la liberté d'expression.

Des manifestants pro-palestiniens en colère ont empêché l'ancien premier ministre d'Israël, Benjamin Netanyahu, de prononcer une conférence à l'Université Concordia le 9 septembre. Par la suite, le recteur de l'université a décrété un moratoire interdisant toute activité reliée au Moyen-Orient sur le campus. En août, des groupes pro-israéliens ont exigé que l'Université de Toronto impose des sanctions disciplinaires à un professeur parce qu'il avait fait circuler une pétition par courrier électronique critiquant le gouvernement d'Israël. Ils ont reproché à l'administration universitaire, qui a refusé de se plier à leur exigence, de se cacher derrière la liberté universitaire. En septembre, l'University of Colorado et le Colorado College se sont attirés les foudres de politiciens, de dirigeants de groupes évangéliques et de groupes pro-israéliens parce qu'ils ont invité Madame Hanan Ashrawi comme conférencière principale au symposium sur les défis mondiaux à relever après le 11 septembre. Mme Ashrawi était ministre de l'enseignement supérieur de l'Autorité nationale palestinienne jusqu'à sa démission en 1998. Elle a alors fondé l'Initiative palestinienne pour la promotion du dialogue global et de la démocratie dont elle est actuellement secrétaire générale. D'autres incidents moins dramatiques et moins médiatisés sont survenus dans de nombreuses universités.

Face à de tels incidents, l'ACPPU estime qu'il est impératif de réaffirmer certains principes fondamentaux :

  • La liberté universitaire joue un rôle essentiel en ce qu'elle permet aux universités d'assumer leur responsabilité publique en faisant la promotion de la libre quête du savoir et de la vérité.
  • La liberté universitaire signifie le droit à la liberté d'expression et à la discussion sans égard à la doctrine prescrite, aux conventions politiques ou aux commodités administratives.
  • La suppression de la liberté d'expression par la violence, des menaces de violence ou l'intimidation politique n'est pas acceptable.
  • Les établissements d'enseignement universitaires ont l'obligation de défendre la liberté universitaire et d'empêcher la suppression du débat libre.


Si irréconciliables que soient les divergences d'opinion au sujet du Moyen-Orient, aucun règlement n'est possible si l'on n'offre pas l'occasion à tous les points de vue d'être entendus et à tous les arguments d'être débattus. Nous déplorons les actions qui suppriment ou tentent de supprimer la liberté d'expression.

VICTOR CATANO
Président, ACPPU