Plus de 200 universitaires contractuels militants provenant de toute l'Amérique du Nord se sont rassemblés à Montréal, en octobre, à l'occasion du cinquième congrès de la Coalition of Contingent Academic Labor. Des représentants d'associations et de syndicats de professeurs de neuf provinces, de 15 états et du Mexique ont passé une fin de semaine à se constituer des réseaux, à partager de l'information et à élaborer des stratégies pour résister à la précarisation du travail universitaire.
" Le congrès a été fantastique ", a déclaré Maria Peluso, présidente de la Concordia University Part-time Faculty Association, et membre du comité organisateur du congrès. " D'importants liens à long terme se sont noués. La COCAL est le lieu idéal où le mot " solidarité " prend tout son sens. "
Le programme du congrès comportait des ateliers sur divers sujets, notamment la sécurité d'emploi, les coalitions intersyndicales, l'intégration et la direction universitaire, la négociation collective et la discrimination dans le milieu universitaire. Des séances plénières ont permis aux délégués d'avoir un aperçu global de leur situation. Elles portaient sur l'état de la main-d'œuvre atypique en Amérique du Nord, le combat pour la défense de la liberté universitaire de tous les universitaires et la mondialisation de la précarisation de l'emploi. Pour ce dernier sujet, les conférenciers ont comparé la résistance à la précarisation du travail universitaire et les récentes tendances à syndiquer la main-d'œuvre atypique dans d'autres secteurs.
Après l'atelier d'ouverture sur la mobilisation, les participants au congrès de la COCAL ont eu l'occasion de prendre part à une manifestation animée et à un rassemblement appuyant les revendications des chargés et chargées de cours des collèges et des universités de Montréal qui sont tous en négociation cet automne.
" La manifestation nous a merveilleusement changé des débats de spécialistes et des ateliers ", a affirmé l'organisatrice de l'ACPPU Vicky Smallman. " Les bannières, les pancartes, les chanteurs de rue et la fanfare ont eu un effet véritable et ont envoyé un message clair à l'administration des universités et des collèges de Montréal. Le ton était donné pour le reste de la conférence. "
La COCAL est un réseau d'universitaires s'occupant des questions touchant les membres non conventionnels du corps professoral. Ils partagent de l'information, informent leurs collègues et le public et affirment leur solidarité dans les rangs clairsemés des militants universitaires. Le congrès de Montréal était le premier de la COCAL à avoir lieu au Canada, grâce aux efforts concertés de l'association de l'Université Concordia, de l'ACPPU et de la Fédération nationale des enseignantes et des enseignants du Québec. Les congrès précédents ont été organisés à San Jose, Boston, New York et Washington. De plus, la coalition a été l'élément moteur de la semaine de l'emploi équitable en 2001, une campagne d'activités coordonnées sur les questions touchant les professeures et professeurs non conventionnels.
Pour la première fois, le Mexique prenait part à un congrès de la COCAL. Deux dirigeants du Sindicato de trabajadores de la Universitad Autonoma de México ont pris la parole et ont décrit les défis que doivent relever les membres de leur syndicat.
" Le nombre d'emplois précaires atteint des proportions inquiétantes dans les trois pays ", a révélé Mme Peluso. " Ce n'est pas accidentel que la qualité de l'enseignement supérieur souffre autant que la qualité de notre vie active. "
Près de 60 p. 100 des cours de premier cycle aux États-Unis sont donnés par des personnes exclues de la voie menant à la permanence. Les chargés et chargées de cours détiennent la moitié de la tâche d'enseignement au premier cycle dans les universités du Québec. Bien que les données pour le reste du Canada ne soient pas fiables, on constate la même tendance dans tout le pays.
Lors d'une plénière sur la situation de la main-d'œuvre atypique, des représentants d'associations et de syndicats professionnels importants ont identifié des problèmes communs dont l'intégration des universitaires contractuels aux instances décisionnelles des universités et des collèges et l'établissement d'une progression de carrière pour cette catégorie d'employés.
" Avant 1998, les professeurs militants travaillaient souvent seuls et disposaient de peu de sources d'information. Ils avaient une conception limitée de ce qui était possible ou souhaitable ", a déclaré Richard Moser de l'American Association of University Professors.
" La COCAL est devenue un instrument de combat pour les professeurs à statut précaire qui peuvent ainsi créer de nouvelles formes de solidarité compensant les lacunes du milieu de travail. Aujourd'hui, une victoire au Canada ou en Californie est aussi une victoire pour le mouvement au grand complet et une occasion d'apprentissage pour tous et toutes. Cette inspiration et cette solidarité étaient palpables à Montréal. "