Les étudiantes et étudiants du pays ploient sous le poids de lourdes hausses des droits de scolarité que de nombreux établissements d’enseignement ont annoncées récemment pour la prochaine année universitaire.
De Victoria à Halifax, les droits de scolarité établiront un record à l’amorce de l’année universitaire 2003 l’automne prochain. Ils enregistreront l’une de leurs plus fortes hausses en un an.
À l’Université de l’Alberta, les droits de scolarité augmenteront de 6 000 $ au cours des deux prochaines années. Les droits de scolarité pour l’école de médecine passeront de 5 674 $ à 12 066 $ d’ici septembre 2005. Les étudiantes et étudiants en droit paieront presque 9 000 $ en 2004, une hausse de 4 300 $ par rapport à maintenant. De plus, les droits de scolarité pour le programme de MBA grimperont en flèche, passant de 4 491 $ à 9 801 $. Les droits pour tous les autres programmes augmenteront de 6,9 p. 100.
Lynda Achtem, membre du conseil d’administration de l’Université de l’Alberta, s’est opposée aux hausses massives des écoles professionnelles et a prévenu que des droits plus élevés dissuaderaient de nombreux étudiants à faible et à moyen revenu.
« Elles accentuent l’écart entre les nantis et les non-nantis », a-t-elle déclaré. « Seules les personnes très riches pourront fréquenter les écoles professionnelles. »
Doug Owram, le vice-recteur à l’enseignement, a soutenu que l’université devait augmenter les droits de scolarité pour préserver la qualité, ajoutant que les crédits provinciaux par étudiant ont diminué de près de la moitié depuis vingt ans.
Représentant du corps professoral au conseil d’administration, Reuben Kaufman s’est demandé pourquoi les droits de scolarité continuaient d’augmenter alors que les conditions dans les salles de classe se détériorent. Il enseigne un cours de sciences biologiques à un groupe qui est passé de 130 étudiants en 1995 à 210 cette année, nombre qui risque d’atteindre 300 l’année prochaine.
Par ailleurs, l’Université de Victoria a annoncé une hausse de 30 p. 100 pour les étudiantes et étudiants du premier cycle, qui fait suite à une augmentation de 30 p. 100 l’année dernière. L’université imposera également des hausses plus élevées en droit et en administration des affaires.
Selon le recteur de l’Université Dalhousie, Tom Traves, les droits de scolarité de son établissement risquent d’augmenter de 9 à 12 p. 100 l’année prochaine.
L’augmentation rapide des droits de scolarité a amené la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants à réitérer les appels en faveur d’un gel national des droits de scolarité.
Lors d’un forum public sur l’accès organisé par la FCEE et l’ACPPU à Vancouver, le mois dernier, les dirigeants étudiants ont signalé que des droits plus élevés empêchaient de plus en plus d’étudiantes et d’étudiants d’obtenir une formation postsecondaire.
« En raison de hausses de plus de 135 p. 100 des droits de scolarité au premier cycle, le Canada se dirige vers un système d’enseignement postsecondaire élitiste », a déploré Jaime Matten, présidente pour la Colombie-Britannique de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants.
Les étudiantes et étudiants issus de familles à faible et à moyen revenu ont déjà la moitié moins de chance de faire des études postsecondaires que d’autres Canadiennes et Canadiens, a-t-elle affirmé. Selon elle, des droits de scolarité plus élevés élargissent cette différence.
Les étudiantes et étudiants insistent pour dire qu’il est temps que le gouvernement fédéral réinvestisse dans les collèges et les universités.
Le 3 avril, la FCEE et l’ACPPU organiseront un forum national sur l’accès à Ottawa. À l’échelle locale, des activités sont prévues à Winnipeg le 26 février, à Sydney le 4 mars, à Toronto le 18 mars et à Sudbury le 25 mars.