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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

février 2003

Les conflits d’intérêts sont légion en recherche biomédicale

Une nouvelle étude, rendue publique le mois dernier, conclut que les conflits d’intérêts sont si répandus en recherche biomédicale que près d’un scientifique sur quatre a des liens financiers avec l’industrie.

L’étude, menée par des chercheurs de l’école de médecine de la Yale University et publiée dans le Journal of the American Medical Association, révèle également que plus des deux tiers des établissements universitaires des États-Unis et du Canada détiennent des actions et du capital-actions dans des entreprises qui subventionnent la recherche biomédicale.

Selon les auteurs de l’étude, les liens financiers sont omniprésents et problématiques. Ils préviennent que les résultats de la recherche subventionnée par le secteur privé risquent plus de favoriser des intérêts commerciaux.

Justin Bekelman, un des auteurs de l’étude, a constaté, de même que ses collègues, que les bailleurs de fonds de l’industrie non seulement influencent les résultats de la recherche biomédicale mais modifient aussi la manière dont les essais cliniques sont conçus. Ainsi, les études subventionnées par l’industrie risquent beaucoup plus de comparer de nouveaux médicaments à des placebos plutôt qu’à des médicaments existants. Cette méthode augmente les chances d’obtenir des résultats positifs lors des essais.

Les auteurs de l’étude recommandent que les conflits d’intérêts entre les chercheurs, les établissements universitaires et l’industrie soient mieux gérés grâce à la création d’une base de données qui intégreraient les résultats de tous les essais cliniques et divulgueraient les liens financiers entre les chercheurs et l’industrie.

Toutefois, Sheldon Krimsky, spécialiste des conflits d’intérêts à la Tufts University, a fait une mise en garde en signalant que les divulgations pourraient ne pas suffire.

« Nous ne permettrions pas à un juge, par exemple, de posséder du capital-actions dans une prison à but lucratif même s’il a divulgué ses intérêts », a déclaré M. Krimsky au Chronicle of Higher Education.

« Et pourtant, il semble qu’il soit correct que des scientifiques possèdent du capital-actions dans des entreprises qui subventionnent leur recherche du moment qu’ils en font la divulgation. »