Le premier budget du ministre des Finances John Manley suscite des commentaires partagés au sein de la collectivité universitaire.
L'Association des universités et collèges du Canada se félicite des mesures annoncées dans le budget et soutient que les nouveaux investissements dans la recherche ouvriront de " nouveaux horizons " aux universités canadiennes.
" Ce budget aidera nos universités à hausser la barre de la recherche ", a déclaré le président de l'AUCC, Robert Giroux. " Tous les éléments nécessaires à établir une base solide pour la recherche au Canada sont maintenant en place. "
Le budget comprend une subvention de 500 $ millions de dollars à la Fondation canadienne pour l'innovation aux fins de la recherche médicale, une hausse de 10 p. 100 du budget des trois conseils de recherches et 225 $ millions de dollars par année pour aider les universités à assumer les coûts indirects de la recherche.
Le président de l'ACPPU, Victor Catano, accueille d'un bon œil l'augmentation des crédits à la recherche mais estime toutefois que le gouvernement a manqué une occasion d'injecter aux collèges et aux universités les fonds de base dont ils ont grandement besoin.
" Le vrai problème qui nous accable est la réduction des subventions de fonctionnement de base des universités et collèges ", a affirmé M. Catano.
" Tant que le gouvernement fédéral continuera à ignorer cette réalité, il n'y aura tout simplement pas assez de fonds pour garder les droits de scolarité à un seuil raisonnable et pour embaucher le personnel enseignant dont nous avons désespérément besoin pour assurer l'enseignement et la recherche. Le budget n'offre rien pour nous aider à relever ces défis. "
Les associations étudiantes admettent que le gouvernement aurait dû faire plus pour soutenir les budgets de base des universités et des collèges afin de permettre une baisse des droits de scolarité et une amélioration de la qualité.
Selon Ian Boyko, président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, le budget ne vise qu'à limiter les dégâts.
" La plupart des nouvelles dépenses au titre de l'enseignement postsecondaire combleront certaines lacunes et compenseront en partie les compressions budgétaires antérieures. Cependant, en prenant la situation dans son ensemble, le gouvernement fédéral n'a pas encore de vision à long terme pour améliorer la qualité et l'accès des collèges et des universités. "
Il ajoute que, parmi les initiatives positives figure la création du Programme de bourses d'études supérieures du Canada qui aidera financièrement 2 000 candidats à la maîtrise et 2 000 candidats au doctorat. Il fait remarquer, par contre, que le programme n'entrera complètement en vigueur qu'en 2007.
Le budget a également donné l'occasion pour le gouvernement de dévoiler les modifications qu'il apportera aux transferts aux provinces au titre des soins de santé, de l'enseignement postsecondaire et des services sociaux.
À compter de 2004, une enveloppe distincte, recommandée par la Commission Romanow, financera les soins de santé. L'enseignement postsecondaire et les services sociaux seront groupés dans la même enveloppe sous la forme du Transfert canadien en matière de programmes sociaux.
M. Catano se réjouit de la création d'une enveloppe distincte pour la santé, mais est déçu que le gouvernement n'ait pas profité de cette occasion pour créer des fonds distincts pour l'enseignement postsecondaire et l'aide sociale à la recommandation de l'ACPPU.
" Tant que nous n'aurons pas d'enveloppes de financement séparées pour les trois programmes, la population canadienne n'aura pas de comptes sur les dépenses des fonds fédéraux ", a-t-il ajouté.
Il a également souligné que la proportion des transferts en espèces totaux du fédéral destinés à la santé passera à 63 p. 100 quand les deux nouveaux transferts seront mis en œuvre l'an prochain. Toutefois, à venir jusqu'au milieu des années 1990, cette proportion ne représentait que 43 p. 100.
De l'avis de Victor Catano, cette mesure pourrait entraîner une réduction de un milliard de dollars des transferts aux provinces au titre de l'enseignement postsecondaire.
" Une bonne portion de la " nouvelle " enveloppe pour la santé peut simplement concorder avec une réallocation d'argent provenant de l'enseignement postsecondaire et des services sociaux ", a-t-il ajouté.
Des groupes de gens d'affaires ont rapidement condamné le budget et ont prétendu que le gouvernement augmentait les dépenses trop vite.
Toutefois, M. Catano estime que même avec les hausses annoncées dans le budget, les dépenses de programmes en tant que part de l'économie demeurent à un niveau proche de celui de l'après-guerre.
" Les Libéraux ont éliminé le déficit principalement en sabrant des programmes comme l'assurance-emploi, la santé, l'enseignement postsecondaire et l'aide sociale ", a-t-il fait remarquer.
" Au mieux, les annonces faites dans le budget ne sont qu'une avance sur ce dont nous avons réellement besoin ".