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Les Archives du Bulletin de l'ACPPU, 1992-2016

juin 2003

Les campus albertains : moins de pouvoirs

Le projet de loi, qui confère au gouvernement albertain des pouvoirs sans précédent sur les établissements postsecondaires tout en ne réglant pas les véritables problèmes auxquels ils sont aux prises, inquiète les professeurs et les étudiants des universités et des collèges de la province.

La Post-Secondary Learning Act (projet de loi 43), déposée à l'assemblée législative de l'Alberta au début de mai, accorde au ministre de l'Apprentissage le pouvoir de dissoudre les conseils d'administration des universités ou des collèges et de nommer des administrateurs qui assumeront les pouvoirs et les devoirs du conseil d'administration. Le projet de loi autorise le ministre à dissoudre le conseil des associations étudiantes et de nommer un administrateur pour diriger l'organisme. Il interdit également la grève aux universitaires et aux étudiants diplômés qui font office de " personnel enseignant ".

Jeremy Mouat, président de la Confederation of Alberta Faculty Associations, a affirmé que de nombreux aspects de la loi préoccupent l'association. Il prévoit en faire part au gouvernement pendant l'été.

" L'aspect le plus déprimant sans doute du projet de loi 43 est le fait qu'on y présume que l'enseignement postsecondaire est essentiellement professionnel ", a déclaré M. Mouat. " Le Campus Alberta, l'une des idées maîtresses du projet de loi visant à coordonner et à intégrer les établissements d'enseignement postsecondaire de l'Alberta, existe pour faciliter l'acquisition de titres, pour former au lieu d'instruire la population étudiante. "

Il est déçu que la réforme législative ne reconnaisse pas la valeur et les forces uniques des divers établissements d'enseignement postsecondaire de la province.

" Le projet de loi 43 n'aborde pas le sous-financement chronique du secteur postsecondaire bien que l'Alberta possède le statut de province la plus riche du pays ", a-t-il soutenu.

" Les deux plus grosses universités de l'Alberta luttent pour contrer des déficits permanents. Les droits de scolarité ont grimpé en flèche, ce qui laisse de nombreux étudiants et étudiantes lourdement endettés. On ne fait rien pour améliorer le système. Il n'y a certainement aucun avantage à être un étudiant en Alberta. "

John Hoddinott, président de l'Association of Academic Staff: University of Alberta, critique lui aussi le projet de loi.

" En 2008, l'Université de l'Alberta fêtera son centenaire, tout juste trois ans après celui de la province. Malgré une aussi longue association, il semble que nous ne méritions pas encore le respect du gouvernement ", a déploré M. Hoddinott. " À bon droit, le premier ministre Ralph Klein aime vanter l'avantage de l'Alberta, mais il ne semble pas enclin à reconnaître le rôle de l'Université de l'Alberta pour l'aider à le réaliser.

" Le projet de loi 43 est mauvais et sous-entend que nos établissements d'enseignement sont mal dirigés et qu'ils ont peut-être besoin de l'être directement par décret ou par directive ministérielle. Nous méritons mieux pour ce que nous offrons. "

Les professeurs ne sont pas les seuls à critiquer la loi. Les dirigeants étudiants sont mécontents de la disposition qui permet au gouvernement de prendre la maîtrise d'une association étudiante s'il estime que les affaires de celle-ci sont administrées avec irrégularité.

" Cette disposition retire le pouvoir aux étudiants qui nous élisent pour le céder au gouvernement ", a déclaré Shirley Barg, présidente du Council of Alberta University Students. " Et c'est fichtrement effrayant. "

Le projet de loi 43 remplacera des lois actuelles, soit l'Universities Act, la Colleges Act, la Technical Institutes Act et la Banff Centre Act. Le ministre de l'Apprentissage Lyle Oberg a déclaré qu'il visait à faire adopter le projet de loi à l'automne après un long processus de consultation qui durera tout l'été.