Dans son rapport rendu public le mois dernier, l'American Association of University Professors soutient que l'University of South Florida a enfreint les droits universitaires du controversé professeur qui a été suspendu, puis congédié, sans avoir eu l'occasion de répliquer aux accusations pesant contre lui.'
Les conclusions font suite à une enquête menée pendant un an par le comité sur la liberté universitaire et la permanence de l'AAUP sur les mesures prises par l'université contre Sami Al-Arian, un professeur de génie et d'informatique d'origine palestinienne accusé d'avoir des liens avec le terrorisme.
Il a été arrêté plus tôt cette année après sa mise en accusation par un grand jury fédéral. Le professeur et d'autres personnes sont accusés d'activités criminelles reliées au terrorisme international.
" Il demeure que les accusations criminelles, bien qu'elles soient manifestement graves, doivent être prouvées devant un tribunal ", affirme l'AAUP dans son rapport. " Son congédiement, qui est entré en vigueur avant même que le professeur puisse se défendre contre les accusations de l'administration, contredit fondamentalement l'AAUP qui insiste depuis longtemps sur le respect de la procédure établie à l'université. Au-delà de cela, le principe selon lequel une personne est innocente jusqu'à preuve du contraire doit être observé dans nos établissements d'enseignement supérieur comme il l'est devant nos tribunaux. "
En dépit des accusations criminelles portées récemment contre le professeur Al-Arian, le comité d'enquête de l'AAUP soutient que l'administration de l'USF a agi sans tenir compte de la procédure établie en ne consultant pas le comité professoral compétent avant d'informer Sami Al-Arian de son intention de le congédier et en ne lui donnant pas la possibilité de se faire entendre.
Les problèmes du professeur ont commencé à l'automne 2001, lorsqu'il a participé à une émission de Fox News et qu'il a été accusé d'avoir des liens avec des organismes terroristes. Il a réfuté les accusations, mais peu après, il a reçu une menace de mort anonyme qui a poussé l'université à le suspendre en prétendant que sa présence sur le campus comportait des dangers.
Selon le rapport de l'AAUP toutefois, la suspension du professeur a été maintenue pendant quinze mois, une durée excessive, et ce, même si les problèmes de sécurité subsistaient.
Le comité de l'AAUP a conclu que l'administration lui avait à toutes fins pratiques retiré son poste permanent à l'université sans lui avoir accordé aucun des recours fondamentaux de la procédure établie.
En août dernier, l'administration a fait un geste sans précédent en demandant à un tribunal d'état de la Floride de déterminer si le congédiement de Sami Al-Arian enfreignait les droits constitutionnels de celui-ci. L'USF prétendait alors que le professeur se servait de son poste d'universitaire pour amasser des fonds à l'intention d'un organisme terroriste. L'affaire a été rejetée.
L'université a congédié M. Al-Arian après son arrestation en février dernier.
Dans leur réponse écrite au rapport de l'AAUP, la rectrice de l'USF Judy Genshaft et le vice-recteur David Stamps ont nié que l'université avait enfreint les droits universitaires du professeur.
" Le congédiement du professeur Al-Arian n'est pas lié à la discussion de sujets controversés dans ses classes, à ses déclarations hors des murs de l'université ou au contrecoup de ces déclarations ", ont-ils affirmé. " La décision se fonde sur une mauvaise conduite ... à l'extérieur des salles de cours : une mauvaise conduite que le professeur Al-Arian a évité de contester. "
L'AAUP présentera ses conclusions à son assemblée générale en juin. Un vote se tiendra pour déterminer si l'University of South Florida devrait faire l'objet d'une censure en raison de la manière dont elle a traité l'affaire.
Le rapport de l'AAUP se trouve à http://www.aaup.org/Com-a/Institutions/USF.htm.