Ursula Franklin, éminente scientifique, humaniste et féministe, est la 12e récipiendaire du prix Sarah-Shorten de l'ACPPU. Réputée pour ses réalisations dans le domaine de la métallurgie, Ursula Franklin s'est employée inlassablement à apporter une voix humaniste et féministe au monde de la science.
En 1967, elle est la première femme nommée au département de métallurgie et de science des matériaux de l'Université de Toronto. En 1984, elle devient la première femme à obtenir le titre de " professeur hors rang ", la plus grande distinction octroyée par l'Université de Toronto.
Elle a mené sa carrière scientifique et pédagogique en étant profondément convaincue que chaque personne, qu'elle soit scientifique ou non, doit examiner à fond les conséquences de la science et de la technologie.
Spécialisée dans l'étude des métaux et des alliages, elle jette les bases de l'archéométrie, qui applique à l'archéologie les techniques modernes utilisées dans l'analyse des matériaux.
Au début des années 1960, elle met à contribution ses connaissances pour aider à étudier, dans les dents des enfants, les niveaux strontium 90, substance radioactive contenue dans les retombées des essais nucléaires. Cette étude a joué un rôle de premier plan dans les démarches entreprises par le gouvernement américain en vue d'arrêter les essais nucléaires dans l'atmosphère.
Elle participe activement à des organismes tels le Science for Peace and Pollution Probe, et fournit une expertise technique à de nombreux groupes communautaires sur des questions comme la pollution et la radiation.
En 1989, Ursula Franklin donne les Conférences Massey, qui sont d'abord diffusées à l'émission radiophonique " Ideas " de la CBC, avant d'être réunies dans un livre. Dans cette série de conférences intitulée " The Real World of Technology ", Mme Franklin essaie de comprendre la manière dont la science et la technologie façonnent notre société et sont, à leur tour, façonnées par les exigences de cette dernière.
Sur la question de la place des femmes dans la science, elle estime que les femmes de science utilisent les outils de la science pour répondre à des questions que ne peuvent poser leurs homologues masculins. Elle fait remarquer que les femmes apportent à la science un esprit de coopération, ainsi qu'une préoccupation pour les liens existant entre les connaissances acquises et leur incidence potentielle sur les communautés, plutôt que leur effet sur la vie économique. Parlant de l'histoire de la participation des femmes aux activités scientifiques, Mme Franklin soutient que les femmes ont ouvert des champs nouveaux dans la recherche interdisciplinaire et apporté dans ce domaine quelques-unes des contributions les plus précieuses.
Mme Franklin a reçu un grand nombre de distinctions et d'hommages, notamment l'Ordre du Canada, l'Ordre de l'Ontario, le prix du Gouverneur Général, la médaille Pearson pour la paix et plus d'une douzaine de grades honorifiques. En 1995, le Conseil scolaire de Toronto donnait à une nouvelle école publique le nom d'" Ursula Franklin Academy ".
Ursula Franklin est l'une des forces motrices qui tentent de modifier de nombreux aspects de la vie universitaire des femmes : elle s'est battue pour mettre au jour et pour éliminer la discrimination en matière de salaires et d'avantages sociaux à l'égard des femmes. Dans le domaine du génie, elle a œuvré dans une discipline à laquelle peu de femmes accèdent. Elle a été sensible au fait que les réalisations d'autres femmes ne sont pas reconnues et s'est employée à apporter une voix humaniste et féministe au monde de la science.
" Mme Ursula Franklin est une femme réellement extraordinaire dont la contribution au sein de nos universités canadiennes, en tant que scientifiques, professeure et innovatrice, a été exceptionnelle ", a déclaré Edith Zorychta, présidente du Comité du statut de la femme de l'ACPPU. " Elle est également l'une de nos militantes de la cause des femmes les plus influentes et les plus efficaces. C'est donc un honneur pour nous de lui décerner le prix Sarah-Shorten. "
Mme Franklin a reçu le prix le 2 mai, lors de l'assemblée de 2003 du Conseil de l'ACPPU.
Traduit de l'article " CAUT's Sarah Shorten Award Goes to Ursula Franklin " (Bulletin de l'ACPPU, juin 2003).