" Le niveau actuel des droits de scolarité au Canada aurait empêché nombre d'entre vous de faire les études postsecondaires que vous avez faites ", a déclaré le directeur général de l'ACPPU, James Turk, aux membres du comité du gouvernement fédéral sur l'enseignement postsecondaire à l'occasion de la retraite du caucus libéral le mois dernier.
" Pour ceux et celles qui auraient pu faire des études dans ce contexte, beaucoup d'entre vous auriez choisi une carrière différente parce que vous auriez dû vous endetter considérablement pour payer vos études ", a-t-il ajouté.
L'ACPPU comptait parmi les 22 organismes nationaux invités à s'adresser au comité sur le thème de l'accès et sur les moyens que le gouvernement fédéral peut prendre pour assurer une plus grande accessibilité aux études postescondaires.
Tom Breneman, président de l'Association dentaire canadienne, a dit à la vingtaine et plus de députés et sénateurs présents que les droits de scolarité des écoles professionnelles empêchent de nombreux étudiants de suivre une formation professionnelle et en forcent d'autres à lourdement s'endetter ainsi qu'à modifier leur plan de carrière.
" Quand j'ai été admis au programme d'art dentaire à l'Université du Manitoba, les droits de scolarité s'élevaient à environ 500 $ par année. Ma famille n'était pas particulièrement riche, de sorte que 500 $ ce n'était pas rien, mais c'était supportable ", a confié M. Breneman.
" À la fin de mes études, mes dettes s'élevaient à environ 3 000 $, ce qui représentait à peu près 10 p. 100 de ce que je pouvais espérer gagner en une année d'exercice. Aujourd'hui, en raison des droits de scolarité actuels et d'autres frais scolaires, les dettes de nombreux étudiants et étudiantes équivalent à deux ou trois années de revenu. C'est ce qui explique pourquoi les régions moins populeuses et rurales sont aux prises avec des pénuries de main-d'œuvre et que de nombreux diplômés choisissent de s'établir dans les grands centres urbains. "
Le président national de la Fédération canadienne des étudiantes et étudiants, Ian Boyko, a désapprouvé certains présentateurs qui ont réduit l'accès à une question de " capacité " plutôt que de coût.
" Quand il en coûte 22 000 $ pour étudier dans une faculté de droit, les Canadiens et Canadiennes ne sont-ils pas en train de répéter la réplique de l'AUCC et de l'ACCC " l'accès à quoi? ". Les droits de scolarité sont un obstacle financier et le rapport qualité/capacité est un débat d'un tout autre ordre ", a-t-il affirmé.
Il s'est dit préoccupé en outre par la suggestion selon laquelle le relèvement de la limite des prêts était un moyen efficace de palier le problème.
" Nous estimons que le relèvement de la limite des prêts équivaut à jeter de l'huile sur le feu pour l'éteindre ", a soutenu M. Boyko.
Norman Riddell, directeur général de la Fondation canadienne des bourses d'études du millénaire a dit au comité que l'accès ne consistait pas seulement à trouver une place à chaque personne qui souhaite aller à l'université, mais il s'agit aussi de fournir un accès équitable. Il a souligné que l'on formait des attentes irréalistes quant à la capacité de payer des parents, dans certains cas cela représente 50 p. 100 du revenu après impôt.
Jim Turk a rappelé aux membres du comité le rôle décisif qu'a joué le financement fédéral, et ce dès les années 1950, dans la transformation de l'enseignement postsecondaire au Canada. De peu d'envergure et très élitiste, il est devenu un système large et de qualité. Il a toutefois prévenu que la situation était en train de se renverser à cause des coupes sombres que le fédéral a effectuées depuis dix ans.
Il a exhorté le comité à appuyer un nouveau mécanisme de financement, sur le modèle de la Loi canadienne sur la santé et le Transfert canadien en matière de santé, qui énoncerait des lignes directrices nationales et qui établirait un fonds national de paiements de transfert réservé à l'éducation.
" Le gouvernement fédéral pourra ainsi accroître ses dépenses tout en ayant la garantie que ses contributions serviront à financer un système d'éducation de grande qualité, public, équitable et accessible, que les Canadiens et Canadiennes veulent, dont nous avons besoin et que nous méritons ", a affirmé M. Turk.
Parmi les commentaires qui ont suivi les présentations, le sénateur Laurier LaPierre a qualifié le système " d'immoral ", en faisant référence à la prolifération des différents programmes fédéraux de financement et aux droits de scolarité astronomiques.
Paul Ledwell, directeur général de la Fédération canadienne des sciences sociales, a décrit cette retraite estivale du caucus comme une bonne occasion de saisir non seulement les membres du comité sur l'enseignement postsecondaire mais aussi d'autres députés et sénateurs, y compris les ministres du cabinet, des questions fondamentales.
" La réunion de cette année a clairement fait comprendre que la capacité de nos universités était déficiente et qu'il n'existait pas de bon mécanisme pour assurer une aide financière de base à nos établissements ", a déclaré M. Ledwell. " Les sciences sociales et humaines ressentent particulièrement les effets de ces lacunes. "
Le président du comité, Peter Adams, député de Peterborough, a promis de veiller à ce que les questions relatives à l'enseignement postsecondaire demeurent bien en vue dans l'ordre du jour des membres du caucus libéral.